
La loi des hommes
Wendall Utroi
Éditions Slatkine & Cie
Quatrième de couverture
Une plongée glaçante dans le Londres de l’époque victorienne.
Jacques est homme à tout faire pour la mairie de Houtkerque, dans le Nord. Un jour, alors qu’il est chargé d’entretenir le cimetière du village, il découvre des mémoires, rédigées en anglais. Aidé par sa fille, il se met en tête de les traduire, et comprend que leur auteur est un inspecteur des mœurs de Scotland Yard ayant vécu en pleine époque victorienne.
L’aller-retour entêtant, entre hier et aujourd’hui, entre cette loi des hommes et les violences faites aux femmes.
L’auteur
Avant de se consacrer à l’écriture, Wendall Utroi était Officier de police judiciaire en investigations. Il a remporté en 2018 le Prix des lecteurs des plumes francophones. La Loi des hommes est son huitième.
Mon avis
Jacques est un employé communal. Une de ses tâches consiste à « déloger » les corps, lorsque les concessions dépassent cent ans. Souvent, les défunts sont enterrés avec des souvenirs, qu’il a toujours laissés avec les ossements. Mais lorsque trois jours avant ses cinquante-huit ans, il découvre un coffret en fer auprès du corps d’un Anglais inconnu, qui a suscité de nombreuses rumeurs, sa curiosité est la plus forte. A l’intérieur de la valisette, se trouve une liasse impressionnante de feuillets. Le texte est rédigé en anglais et il demande à sa fille de lui traduire. Commence alors, pour tous les deux, un voyage effroyable dans le passé.
En 1884, J. Wallace Hardwell est l’un des plus jeunes inspecteurs de Scotland Yard. En juin 1889, il est contacté par un émissaire de la Couronne, qui lui confie la mission d’étouffer un scandale susceptible d’atteindre des membres de la famille royale. Pour mener ses investigations, seuls les noms de trois suspects lui sont fournis. Sa première action est de procéder à leur arrestation et de les interroger. Le policier est alors immergé dans les profondeurs de Londres, à l’époque victorienne. Il plonge dans l’enfer des lupanars et ce qu’il découvre sur la condition des femmes dans les quartiers pauvres et sur le destin des enfants le révolte. Être née du sexe féminin ne laissait que peu de choix : victime ou bourreau. Wallace comprend que certains actes répréhensibles sont commis pour empêcher des situations encore pires. L’horreur n’a pas de limites et lorsque l’on y est confronté, on accepte un mal pour entraver celui d’après. Ce monde, l’inspecteur ne le connaissait pas et il n’est pas préparé à sa noirceur. Il essaie, alors, de comprendre ceux qui ne peuvent pas le changer et luttent à leur manière.
Wallace a tenté d’arrêter ces trafics. Hélas, à son époque, comme maintenant, les puissants considèrent que certaines vies ne valent rien. A travers ce récit historique, Wendall Utroi fait le lien avec notre ère. Les trafics d’enfants existent toujours et c’est toujours à la victime de prouver qu’elle n’était pas consentante. C’est à mes douze ans que remonte mon premier souvenir et bien que ce pervers ait nié les faits, son avocat a dit que je devais être consentante. Cet antagonisme n’a surpris personne. L’auteur rappelle que plus de deux siècles après le scandale de Cleveland Street, les sentences montrent que la condition des enfants n’a pas tant évolué. Le hasard a voulu que je lise La loi des hommes, alors que ma fille étudie les droits de l’enfant, à l’école. J’ai été obligée de lui expliquer l’article indiquant que la prostitution des enfants est interdite. Il est difficile de traduire l’inconcevable à sa fille.
La loi des hommes est un bouleversant cri du cœur. J’ai la sensation que Wendall a voulu exprimer son indignation au sujet des lois qui ne protègent pas assez les enfants, ainsi que sa révolte envers les hommes qui détruisent les vies des petits. Wallace est un policier empli d’humanité, qui essaie de changer les choses. Ne serait-il pas le miroir de l’auteur ?
Je remercie sincèrement Elya des Éditions Slatkine & Cie pour ce service presse.

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