Et chaque fois, mourir un peu, Livre 1 – Blast, Karine Giebel

Et chaque fois, mourir un peu

Livre 1 – Blast

Karine Giebel

Éditions Récamier

Monter au front sans arme ni gilet pare-balles. Soigner les autres au péril de sa vie. Se sentir utile en ce monde.

De Sarajevo à Gaza, en passant par Grozny, la Colombie ou l’Afghanistan, Grégory se rend au chevet des sacrifiés sous l’égide de la Croix-Rouge internationale. Chaque victime sauvée est une victoire sur la folie des hommes. Chaque vie épargnée donne un sens à la sienne. Peu importe les cicatrices et les plaies invisibles que lui laisse chaque conflit.

Poussé par l’adrénaline, par un courage hors du commun et par l’envie de sauver ceux que le monde oublie, Grégory prend de plus en plus de risques.
Jusqu’au risque de trop. Jusqu’au drame…

Ne pas flancher, ne pas s’effondrer. Ne pas perdre la raison.
Choisir.
Sauver cette jeune fille, condamner cet adolescent. Soigner ce quadragénaire, laisser mourir cet enfant.
Choisir.
Endurer les suppliques d’une mère, d’un père.
Certains tombent à genoux devant lui, comme s’il était Dieu.
Choisir.
Tenter de sauver cette femme. Sacrifier sa petite fille qui n’a que peu de chances de survivre à ses blessures.
Choisir.
Et chaque fois, mourir un peu.

Karine Giebel, indétrônable créatrice d’émotions fortes et authentiques, donne vie dans ce treizième roman à Grégory, héros des temps modernes. Tous deux nous forcent à garder les yeux grands ouverts sur que ce l’homme est capable de faire subir à ses semblables et interrogent l’humain qui est en nous, dans ce texte magistral qui embrasse la violence du monde.

Depuis la fin de son adolescence, Grégory connaît sa vocation : faire de l’humanitaire, à l’étranger. Il a été formé pendant deux ans. Sa première mission, au Kenya, en juillet 1992, a été un choc. La confrontation à la réalité a été violente. « Les photos et les films ne sont rien à côté de la réalité. » (p. 13) Il a failli démissionner ; son épouse lui a rappelé son rêve.

Même s’il ne comprend pas « comment peut-on faire subir de telles atrocités à un être vivant, un être humain ? » (p. 15), Grégory a trouvé sa place : sur les terrains de guerre, il se sent utile. Il est infirmier et ses tâches sont multiples. Il soigne et réconforte. Douloureusement, il choisit qui est prioritaire pour les soins. Douloureusement, il condamne ceux qui ne peuvent être sauvés. Douloureusement, chaque mort s’inscrit dans son cœur et hante ses nuits. Et il sauve des vies, se questionnant, parfois, sur l’existence qu’il offre aux mutilés de guerre. Chaque jour, au sein du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), apporte son lot d’horreurs et ses miracles. De 1992 à 2010, Grégory œuvre sur de nombreux sites de conflits ou de catastrophes naturelles : Sarajevo, Tchétchénie, République démocratique du Congo, Afghanistan, Gaza, etc. Chaque mission est différente, mais elles ont la souffrance infligée par les hommes, comme dénominateur commun. Au cœur de la folie humaine, le dévouement des humanitaires est exemplaire et héroïque. Ils refusent la résignation et chaque vie sauvée est une victoire, un pansement sur les plaies béantes, mais cachées de leur cœur. Leur humanité se fond dans l’horreur et ils se battent pour la vie et pour l’espoir, prenant des risques immenses. De plus en plus…

Habituellement, lorsque j’aime un livre, je le dévore. Cependant, j’ai ressenti le besoin de faire des pauses, de ne pas lire trop vite Et chaque fois, mourir un peu, tant il me bouleversait. J’étais effondrée par l’enchaînement d’atrocités que notre monde connaît, depuis des décennies. J‘étais admirative de ces hommes et ces femmes qui soignent, apaisent, sacrifiant leur santé mentale et leur vie de famille et risquant la mort. J’ai été meurtrie par leur désarroi. J’ai été émerveillée par leur courage et par l’étincelle d’espérance qui les anime. J’ai été remuée par les répercussions de leur abnégation, si prégnantes pendant leurs congés. J’ai été émue par les amitiés, en particulier celle de Grégory et de Paul. L’humour de ce dernier est salvateur, dans les moments difficiles.

J’ai, souvent, écrit au sujet d’un livre publié par les Éditions Récamier qu’il m’avait bousculée. C’est une vérité confirmée par ce roman puissant de Karine Giebel. C’est un coup de cœur pour moi.

Je remercie sincèrement Maxime des Éditions Récamier pour sa confiance.

Toutes blessent la dernière tue

Jusqu’à ce que la mort nous unisse

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