
La dame du Ritz
Melanie Benjamin
Éditions Albin Michel
Quatrième de couverture
Rien ne peut arriver au Ritz : dans ce temple du luxe qui autorise les caprices les plus farfelus, le prestige protège de tout. Même du pire, pense-t-on avant que l’armée allemande n’occupe Paris en juin 1940. Les hauts dignitaires nazis, dont Hermann Göring, investissent l’hôtel ; les portiers élégants sont remplacés par des soldats aux portes d’entrée. L’insouciance cède à la peur.
Pour Blanche Auzello, l’épouse du directeur du Ritz, cette réalité est insupportable. La Dame du Ritz, une américaine rebelle et intrépide, n’est pas femme à se résigner. Mais comment faire ? Dans le palace où le bruit des bottes étouffe désormais les rires, Blanche comprend que sa seule issue est le mensonge. D’autant qu’elle cache un secret qui pourrait mettre sa vie et celle de son époux en danger, mais aussi ternir la légende du Ritz…
Avec le talent qui a fait le succès des Cygnes de la Cinquième avenue, Melanie Benjamin, s’inspirant de faits réels, nous plonge dans les coulisses du Ritz sous l’Occupation avec ce roman étincelant, portrait d’une femme inoubliable.
Mon avis
Blanche et Claude se sont rencontrés, en 1923. Le jeune homme était le directeur-adjoint du luxueux hôtel Claridge, quand une Américaine exubérante s’est présentée à la réception. Ils se sont mariés très rapidement, n’écoutant que la passion, sans prendre le temps de se découvrir.
En 1940, alors que Claude a réalisé son rêve de diriger le Ritz, l’établissement est envahi par les Allemands. L’occupant décide de s’installer dans les chambres de luxe. Claude s’inquiète : la personnalité frivole de son épouse lui donne des sueurs froides. Il a peur qu’elle commette un faux-pas qui pourrait énerver les nazis. Blanche, quant à elle, en veut à son mari de faire des courbettes aux uniformes vert-de-gris. Alors que tous deux souhaitent préserver le faste du grand hôtel, ils s’éloignent l’un de l’autre. La nuit, Claude rejoint ses maîtresses et Blanche fait la tournée des lieux dans lesquels l’alcool coule à flots, avec son amie Lily. Chacun s’enferme dans les mensonges, sans percevoir l’incompréhension qui règne entre eux. Les portes des suites préservent-elles les secrets ? Si celui de la dame du Ritz était révélé, des vies seraient en danger.
L’auteure s’est inspirée de l’histoire vraie du couple Auzello. Peu de documents existent sur eux et elle a imaginé leur personnalité, à partir de leurs actes. Le roman repose, également, sur le Ritz, emblème du luxe, des dorures et de l’opulence. « Le Ritz vous soulagera, vous distraira, vous procurera le meilleur des champagnes pour diluer votre bile, mettra à votre disposition les serviettes de toilette les plus douces qui soient pour absorber votre désespoir. » (p. 387) Le Ritz éblouit, il fait rêver et exauce vos souhaits. Il doit continuer à protéger, même si les « brassards rouge sang » l’ont investi. Lorsque Paris est occupé, les hauts dignitaires nazis choisissent ce symbole comme quartier général. Les claquements de bottes couvrent la musique et les rires, la peur et la méfiance remplacent l’insouciance, la boue recouvre les paillettes. L’introduction attise tous les sens et elle montre la beauté du Ritz ébranlée par la laideur de l’arrivée des Allemands. Cependant, les apparences doivent perdurer. Une parole peut conduire à une arrestation par la Gestapo. Être trop bavard est dangereux, mais ce roman montre que le manque de confiance peut, également, être à l’origine de tragédies.
Au sein des Allemands, se trouvent des personnalités célèbres. Ma surprise a été si grande que j’ai fait des recherches sur elles. Occupation, collaboration, Résistance, courage, dignité, mensonges, apparences, frivolité, danger, incompréhension, soupçons sont des éléments qui s’entremêlent dans ce récit palpitant. A l’extérieur du Ritz, ce sont les rafles, la torture et les étoiles jaunes qui envahissent Paris. Ce bout de tissu qui laisse une marque plus foncée sur le manteau, si on la découd. Ce morceau d’étoffe qui conduit à l’enfer. « On parle de courage mais aussi de collaboration. De rébellion mais aussi d’acceptation. Des gens avaient souffert et beaucoup avaient échappé à la souffrance. » (p. 386) Pourtant, parmi ceux qui ont considéré ne pas avoir souffert, se trouvent des héros, qui ont risqué la mort en sauvant des vies.
Dès les premières pages, j’ai senti que j’allais adorer La dame du Ritz. Mon intuition était juste, puisque j’ai eu un énorme coup de cœur pour ce roman incandescent sur une femme ardente.
Je remercie sincèrement Claire des Éditions Albin Michel pour ce service presse.
Chronique enthousiaste ! Merci pour ce partage 😉
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