La Fille d’Omaha Beach, Geneviève Senger

La Fille d’Omaha Beach

Geneviève Senger

Éditions Presses de la Cité

Collection Terres de France

Quatrième de couverture

Caen, juin 1945. Claire, orpheline d’une vingtaine d’années, vit avec sa grand-mère. Sa mère est décédée, son père, résistant, a été fusillé par les Allemands et son fiancé est mort dans un camp de concentration. 

Tandis que ses amies renouent avec la vie, elle ne peut oublier les jours heureux avec Lucas. Tandis que l’une d’elles épouse son fiancé revenu du STO, Claire, quittant la fête, pédale jusqu’à la plage où elle retrouve le chien de Lucas, qui pénètre dans la zone du déminage. Elle le suit mais l’animal est fauché par une mine. S’ensuivent de longues heures durant lesquelles elle doit attendre, immobile. C’est un Allemand, prisonnier, spécialiste du déminage, qui vient la sauver.

Endoctriné dès l’enfance dans les Jeunesses hitlériennes, Joachim a un lourd passé. En Russie, il a commis des atrocités, puis est devenu un « refusant », un de ces soldats de la Seconde Guerre mondiale qui, confrontés à la barbarie, ont refusé d’y participer. Joachim tombe follement amoureux mais Claire résiste en dépit de la bénédiction de sa grand-mère. Car la pression autour d’elle est trop forte. Comment pourrait-elle aimer un Boche, alors que son père et son fiancé ont été assassinés par les nazis ?

Mon avis

Caen, juin 1945. Claire, le cœur en larmes, assiste au mariage de sa meilleure amie. « Elle avait promis à Lucas de l’épouser, l’année de sa majorité. Et elle aura vingt et un ans au mois d’août…» (p. 27) Sa mère est morte dans un bombardement. Son fiancé a été déporté en camp de concentration et son père a été fusillé. Les deux hommes appartenaient au même réseau de résistance. Celui-ci a été démantelé à la suite d’une dénonciation. Claire vit seule avec sa grand-mère, Mounette, et son cousin, Arthur, veille sur elles deux. Résistant, il a, miraculeusement, survécu à la torture.

Claire s’échappe de la noce. A vélo, elle rejoint la plage. Un chien l’oblige à s’arrêter : elle reconnaît Pataud, le compagnon de Lucas. Il court vers les vagues, elle le suit et pénètre dans un champ de mines. Trois hommes l’aperçoivent et lui ordonnent de s’arrêter. L’un d’eux avance lentement vers elle, en déroulant un cordon blanc. Pas après pas, il se rapproche, désamorçant les mines sur son chemin. Elles sont reliées entre elles. Atteindre celle qui est proche de Claire lui prend deux heures. Pendant deux heures, cela a été une lutte entre lui et le mal semé par les hommes. La guerre est finie, mais les vestiges tuent encore.

Claire s’évanouit devant son sauveur. Celui-ci s’appelle Joachim Bach et est un prisonnier allemand. « C’est le parfait Aryen, grand, blond, aux épaules bien découpées. Il respire la santé, le grand air et la force. »(p. 44) Comme d’autres, il passe ses journées à déminer les plages et retourne les soirs, dans son baraquement, entouré de barbelés. Son esprit est envahi d’images inhumaines ; celles de son obéissance. C’était en Ukraine. Puis, il a dit non et a été envoyé en France. Ses actes le hantent.

Entre le Résistant et le PGA (prisonnier de guerre allemand), une nouvelle bataille se livre. 

A travers l’histoire de Joachim, Geneviève Senger décrit le traitement des prisonniers allemands, après la Libération. Emprisonnés et astreints au travail forcé, ils ont été employés à déminer les plages du Débarquement, en signe de réparation. Une manière d’œuvrer pour la paix, alors que les plaies étaient à vif. Comme de nombreux voisins de Claire, j’ai d’abord ressenti une aversion à leur encontre, d’autant plus que les pensées de Joachim donnent des indications sur son passé. Aussi, j’ai été surprise de mes sentiments naissants qui s’opposaient à mes raisonnements.

L’auteure aborde un sujet peu connu : les Refusants. Après la guerre, ils ne pouvaient pas s’exprimer. Tiraillés entre ce qu’ils avaient fait et ce moment où ils avaient dit non, ils ne pouvaient pas parler ; ils ne pouvaient pas être entendus. Ce livre interroge sur les possibilités de choix, en temps de guerre, sur la lutte entre l’analyse des actes, avant le basculement, et celle de la portée de celui-ci. Ce roman montre, également, que l’humanité ou la trahison ne se cachent pas toujours où on le pense. Il fait réfléchir.

Claire est très touchante. C’est une jeune fille spontanée, à l’écoute de son cœur. Elle se trompe, parfois, car sa personnalité solaire et sincère l’empêche d’envisager le mal. Il faut préciser que certains personnages sont très doués pour cacher leurs véritables intentions. Lorsque nous découvrons les dangers qui la menacent, nous nous sentons impuissants. L’image est si belle… Je me suis attachée à cette jeune fille au caractère généreux et fougueux. J’ai été intriguée par les secrets qui entourent son passé et son présent. J’ai tremblé pour elle et j’ai espéré. Son histoire m’émouvait et me captivait. Le récit est émaillé de rebondissements bouleversants. Il est aussi composé de suspense. J’ai eu un coup de cœur pour ce roman empli de sensibilité et d’émotion.

Je remercie sincèrement Clarisse et Marie-Jeanne des Éditions Presses de la Cité pour ce service presse.

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