Je suis née au son du violon, Bénédicte Flye Sainte Marie

Je suis née au son du violon

Bénédicte Flye Sainte Marie

Éditions Infimes

Quatrième de couverture

Morte il y a cent ans, la Française Camille Urso a, par la force de sa volonté, fait tomber pendant toute sa vie les barrières qui se sont dressées devant elle. Petite fille, d’abord en obtenant de jouer du violon, dans un XIXème siècle où cet instrument était la chasse gardée des hommes. L’enfant prodige a ensuite traversé l’Atlantique et est devenue une icône aux Etats-Unis, y menant pendant cinquante ans une carrière constellée d’honneurs et de succès. Féministe dans l’âme, elle s’est aussi battue pour que les musiciennes soient reconnues pour leur talent, indépendamment de leur sexe, et soient engagées dans les orchestres.
Traversée par de nombreuses réflexions sur la condition des femmes d’ hier et d’aujourd’hui, cette biographie romancée très documentée dépeint avec brio la trajectoire de cette artiste injustement oubliée.

Mon avis

Camille Urso est née en 1840 et est décédée en 1902. Fille de musiciens, elle a découvert sa vocation, à sept ans, dans une église. Exaltée par le son du violon, lors d’un solo extrait de la Messe en si Mineur de Bach, elle a compris que « le violon serait son instrument et elle serait le sien. » (p. 13) Elle est parvenue à convaincre ses parents. Puis, grâce à son talent et à la détermination de son père, elle a été l’une des premières filles admises au Conservatoire de Paris, dans une classe de violon. Cet instrument était réservé aux hommes. Malgré son jeune âge, elle s’est battue pour poursuivre la formation. Toute petite, elle a compris que sa condition féminine lui fermait des portes et a décidé d’œuvrer contre cette injustice.

Bénédicte Flye Sainte Marie retrace le parcours admirable de Camille Urso : elle donna de nombreux concerts (huit cents), dans de nombreux endroits du monde et de multiples articles de presse lui furent consacrés. Elle voulait que la musique soit accessible à toutes les classes sociales, elle a lutté pour que les femmes intègrent les orchestres, mais elle a été oubliée à la fin de sa carrière et après sa mort. Dans ce récit biographique, l’auteure la fait revivre. Elle la dépeint sous différentes facettes. Elle décrit la virtuosité de son art, sa vie familiale, maritale et le combat de sa vie : la cause féminine. Elle dresse un portrait juste, authentique et documenté de l’artiste et de la femme : les deux parts de Camille Urso sont mêlées, ne font qu’un. Chaque événement de sa carrière est analysé sous le prisme de sa personnalité, de celui de son destin et de ses choix. L’auteure rend un très bel hommage à une figure oubliée du féminisme dans l’univers musical. Ses réflexions s’intègrent à notre époque et elles démontrent que des avancées sont toujours nécessaires. « Aujourd’hui, seulement 6 % des chefs d’orchestre et un peu plus d’un quart des solistes sont des femmes. » (p. 157)

Je suis née au son du violon est une très belle biographie, à la plume délicate et sensible, qui se lit comme un roman.

Je remercie sincèrement Bénédicte Flye Sainte Marie pour sa confiance.

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