
Les trois sœurs qui faisaient danser les exilés
Aurélia Cassigneul-Ojeda
Éditions Ateliers Henry Dougier
Quatrième de couverture
«Elles s’appelaient Flora, Begonia, Rosa. Elles étaient trois, elles étaient sœurs. Elles habitaient cette maison, à Cerbère, cette grande maison qu’aujourd’hui j’habite. Sous leurs fenêtres l’histoire roulait des flots d’hommes et de femmes. Sous leurs fenêtres la mer se balançait. Un jour elles sont parties, ont tout abandonné.
Seul, blessé, Gabriele s’installe à Cerbère pour commencer une nouvelle vie. Il achète la Maison des fleurs, une grande bâtisse rose qui surplombe le port, abandonnée depuis des années ; il plonge alors dans la vie de trois jeunes femmes, trois sœurs qui l’habitaient, prises à leur insu dans les griffes de l’histoire, de la Retirada espagnole à la résistance française. À trente années d’écart Gabriele revit leurs peurs, leurs joies, leurs amours et la mémoire de l’exil.
L’auteure
Aurélia Cassigneul-Ojeda est agrégée d’anglais et enseigne en classes préparatoires. À travers son père originaire de Burgos elle hérite d’une partie douloureuse de l’histoire espagnole, notamment l’assassinat de son grand-père par la Guardia Civil en 1936. Elle passe son bac à Alger et poursuit ses études à Paris avec un mémoire sur le féminisme anglais. Aujourd’hui installée à Toulouse, Les Trois sœurs qui faisaient danser les exilés est son troisième roman.
Mon avis
Après son divorce, Gabriele quitte Agen pour Cerbère, dans les Pyrénées-Orientales, à la frontière espagnole. Il jette son dévolu sur la « maison des Fleurs ». Cette bâtisse est appelée ainsi, en raison des prénoms des trois sœurs qui y vivaient : Flora, Bégonia et Rosa. Après le décès de leur mère, leur père et elles s’étaient installées, dans le village, au début des années 1930.
Grâce aux témoignages des habitants de Cerbère, en particulier celui de Clotilde, la boulangère, de tapisseries brodées, de correspondance et de carnets laissés par les trois femmes, Gabriele découvre l’histoire de cette famille. Les trois femmes ont risqué leur vie, en accueillant des Républicains qui fuyaient le régime franquiste, puis des personnes qui voulaient échapper aux nazis. Ces réfugiés sont restés, parfois, plusieurs mois : des amitiés et des amours sont nés. Gabriele reconstitue l’essence de cette maison qui a abrité Clara, Pedro, Anton et tant d’autres, et qui a été témoin de rires et de pleurs, d’abnégation et de trahison, de musique et de peine, de beauté d’art et de lâcheté. Puis, les unes après les autres, les sœurs ont quitté ce lieu de mémoire.
Gabriele est aussi un exilé. Italien d’origine, il n’a jamais affronté ce passé qui le ronge, sans qu’il en comprenne la raison véritable. En reconstituant l’histoire de Flora, Bégonia et de Rosa, il se rapproche de la sienne. Chaque pas le mène vers la possibilité d’acceptation : celle de découvrir sa vérité.
Les phrases sont souvent courtes et percutantes. Dans certaines, la suite du message n’est pas dite, et pourtant, nous l’entendons. Parfois, le verbe est omis et cette absence lui donne encore plus de puissance. A d’autres moments, le message est répété, avec d’autres mots, ce qui l’appuie. L’écriture est d’une extrême poésie. Le rythme varie en fonction de la situation et de l’émotion qui est transmise. J’ai été subjuguée par cette plume dont la précision est au service de l’émotion.
Dans la dernière partie du roman, une lettre, des articles de journaux expliquent, surprennent et bouleversent le cœur sensible que je suis. Ces révélations font de Gabriele un homme, un homme debout… à quarante ans. Arrive la fin du roman, avec cette dernière page… celle que j’ai relue. Plusieurs fois…
Les trois sœurs qui faisaient danser les exilés est un roman sublime. C’est un coup de coeur pour moi. Sa sortie est le 11 juin 2020.
Je remercie sincèrement Anna des Ateliers Henry Dougier pour ce service presse.
