Les Vendanges du Loubiac, Michel Giard

Les Vendanges du Loubiac

Michel Giard

Editions de Borée

Collection Terre de Poche

Quatrième de couverture

Rien ne prédestinait Léonie Marciac à diriger le domaine viticole familial en Bordelais. Pourtant, tout change avec la mobilisation de son mari en août 1914. Visionnaire, habile et décidée, Léonie se révèle une remarquable femme d’affaires et s’émancipe, au grand désespoir de son époux. Des foires aux vins à l’Europe des palaces, des beaux jours de l’été 1914 à ceux de 1939, quel sera le destin de Léonie, femme de tête et de cœur ? Saveurs des huîtres du bassin d’Arcachon et soupe amère, passions et déchirements, jeunesse et déclin, grands malheurs et petits bonheurs alternent sur les rives de la Gironde et au bord de la mer.

Mon avis

Avant la mobilisation générale, en août 1914, Léonie ne s’était jamais investie dans le domaine viticole de son mari. Mais depuis le départ de ce dernier pour le front, elle est forcée de gérer l’exploitation. Elle est, heureusement, soutenue par Lucas Drion, le maître de chai. Elle se découvre une passion pour la vigne et se révèle une femme d’affaires très douée. Visionnaire, elle prend des décisions fructueuses pour l’avenir. Comme de nombreuses femmes, elle s’émancipe et contribue à l’effort de guerre.

Philippe, son époux, connaît l’enfer des tranchées. Dans un carnet tenu secret, il consigne ses souvenirs de guerre et ses interrogations au sujet du commandement. Dans les lettres qu’il écrit à son père, il confie ses doutes, alors qu’il épargne Léonie. Hélas, la censure veille : les jalousies et les convoitises de la vie civile se transposent sur le front. 

Lors des rares permissions du soldat, les deux époux ne se comprennent pas. Philippe tente de cacher les horreurs qu’il vit et Léonie enfouit les difficultés du domaine. Ils se protègent mutuellement et cela provoque une distance. Chacun observe le changement de l’autre et s’éloigne.

Le roman déroule la vie de Léonie de 1914 à 1939. Elle n’était pas destinée à gérer les affaires de son mari et a été projetée dans les responsabilités du jour au lendemain. Elle montre de la détermination, du courage et une ténacité, qui forcent l’admiration. Au début, elle s’appuie sur son entourage, puis décide par elle-même. Ses compétences s’épanouissent dans l’innovation. L’auteur rend hommage à ces femmes qui ont maintenu le pays alors que les hommes combattaient l’ennemi. Après la guerre, elles ont revendiqué l’égalité des droits. Hélas, leurs efforts ont été enterrés et la lutte, dans une société à domination masculine, a été longue et inégale. Léonie est la représentante de l’injustice de la condition féminine. En transformant sa propre situation, elle montre le chemin, hélas, semé d’embûches. J’ai adoré cette femme, ambitieuse et, pourtant, ambivalente au sujet de ses désirs.

J’ai été touchée par le désarroi de Philippe face au rouleau compresseur de la guerre. Son désespoir au sujet du manque de considération des soldats est poignant. Lui et son compagnon de tranchée, François, sont impuissants devant les injustices. Ils aimeraient alerter sur les hommes fusillés pour l’exemple et sur les terribles conditions de survie sur le front ; ils sont de la chair à canon et personne ne les entend. Michel Giard décrit leurs sentiments avec justesse. Il rend un brûlant hommage aux poilus.

C’est le troisième livre de Michel Giard que je lis. Mes chroniques sur les des deux autres exprimaient certains regrets, différents selon l’ouvrage. Celui-ci m’a entièrement séduite. J’ai adoré autant l’écriture que l’intrigue. J’ai été captivée par la transcription des sentiments et des émotions et j’ai aimé la profondeur des portraits. J’ai adoré Les Vendanges du Loubiac.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.

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