
Le vallon des lucioles
Isla Morley
Éditions Seuil
Quatrième de couverture
1937, Kentucky. Clay Havens et Ulys Massey, deux jeunes photographe et journaliste, sont envoyés dans le cadre du New Deal réaliser un reportage sur un coin reculé des Appalaches.
Dès leur arrivée, les habitants du village les mettent en garde sur une étrange famille qui vit au cœur de la forêt. Il n’en faut pas plus pour qu’ils partent à leur rencontre, dans l’espoir de trouver un sujet passionnant. Ce qu’ils découvrent va transformer à jamais la vie de Clay et stupéfier le pays entier. À travers l’objectif de son appareil, se dévoile une jeune femme splendide, Jubilee Buford, dont la peau teintée d’un bleu prononcé le fascine et le bouleverse.
Leur histoire sera émaillée de passion, de violence, de discorde dans une société américaine en proie au racisme et aux préjugés.
Inspiré par un fait réel, ce roman est une bouleversante histoire d’amour et un hymne à la différence.
Isla Morley a grandi en Afrique du Sud puis s’est installée aux Etats-Unis où elle vit aujourd’hui. Son premier roman, Come Sunday, a obtenu le Janet Heidinger Prize, prestigieux prix littéraire féminin. Le Vallon des lucioles est son premier roman à paraître en France.
Mon avis
Clayton Havens est photographe et Ulys Massey est journaliste. En 1937, ils se rendent, dans un petit village des Appalaches, à la demande du FSA, un organisme créé par le Président Roosevelt, chargé de « récolter des informations sur certaines populations afin que d’autres agences gouvernementales puissent les aider ».
Dès leur arrivée à Chance, alors qu’ils sont installés dans un bar, pour être au plus près des habitants, un homme leur parle de la « chasse au raton bleu ». Il n’a pas le temps de préciser sa pensée, car ses amis le font sortir. La curiosité de Havens et de Massey est éveillée. Ils apprennent que ce sont des personnes qui sont désignées par ce terme et qu’elles vivent dans le vallon des lucioles. Qui sont ces hommes et ces femmes victimes d’ostracisme ? Ils pensent tenir le sujet de leur reportage et décident d’enquêter. C’est alors que Clayton voit la plus belle femme qu’il n’ait jamais vue : elle est petite, mince, délicate, ses longs cheveux roux masquent une partie de son visage et sa peau est bleue. Elle s’appelle Jubilee.
Alors qu’elle se sauve, Clayton est mordu par un reptile. La jeune fille prévient son père qu’un « homme de la bonne couleur s’est fait mordre par un serpent » et qu’il lui faut des soins en urgence. Les deux reporters sont emmenés au domicile des Buford. Le temps de leur séjour, ils vont connaître l’histoire de leurs hôtes et être témoins de la haine qui leur est vouée. Les parents sont blancs et deux de leurs trois enfants, Jubilee et Levi, ont la peau bleue. L’histoire est inspirée de faits réels et nous découvrons, à la fin, les raisons médicales de cette pigmentation. Cependant, la famille, ainsi que les habitants de Chance, ignorent qu’une explication scientifique existe.
Massey est certain de détenir le scoop qui va leur apporter la gloire : c’est le début des tirages couleur et ils possèdent une seule pellicule de ce type. Il ne cesse de presser son ami de prendre une photo de Jubilee de qui le photographe s’est rapproché. Ce dernier hésite, il pense aux conséquences pour la famille et pressent que cela la mettrait en danger. Son débat intérieur m’a fait réfléchir. En effet, lorsqu’une image montrant une différence est publiée, nous pensons, rarement, aux répercussions sur le sujet photographié, tels que la venue de curieux, la montée de l’intolérance, l’insécurité, la perte d’intimité, etc, et nous ne savons pas si le cliché a été volé ou accepté. Nous ne connaissons pas ce qui a précédé et ce qui a suivi ce moment immortalisé.
La différence de Jubilee et de Levi mène à l’intolérance. Tous deux, comme leurs ancêtres, sont victimes de racisme, d’accusations de tous les maux, d’actes de malveillance, de violence, ils sont diabolisés, etc. Ce que vivent ceux qui se nomment, eux-mêmes, les bleus, peut être transposé dans d’autres situations de rejet. Les plus anciens du vallon ont abdiqué, Jubilee a une forme de résignation, teintée d’espérance, alors que Levi se révolte contre l’injustice et se bat. Hélas, la lutte est inégale… Impuissant, Clayton assiste à la montée de la haine qui va finir en tragédie.
Le vallon des lucioles est, également, un roman d’amour. Une idylle est installée, solide et affirmée, alors que la deuxième est naissante, emplie de romantisme, cependant toutes deux déchaînent les passions et sont synonymes de danger. Ce livre est, aussi, une ode à la nature, au monde animal et à la vie. J’ai été très touchée par le respect et l’attachement de Jubilee envers les animaux et le soin qu’elle apporte à ceux qui sont blessés… à ceux qui sont différents et qui ont besoin de soutien. J’ai été émue par les valeurs des Buford. Ils offrent l’hospitalité à des inconnus, qui peuvent détruire leur vie. Leur gentillesse m’a attendrie. Ce livre transmet des messages de tolérance et de vivre-ensemble. Je l’ai adoré.
Je remercie sincèrement les Éditions Seuil et Babelio pour cette Masse Critique privilégiée.
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