Le gardien de l’inoubliable, Marie-Laure de Cazotte

Le gardien de l’inoubliable

Marie-Laure de Cazotte

Editions Albin Michel

Quatrième de couverture

Doté d’une imagination débordante, menteur invétéré, enfant révolté et fugueur, Tristan vit avec monsieur Kurosawa, son ami intérieur, et porte à son cou « le gardien de l’inoubliable », un galet prodigieux découvert sur une plage. Devenu étudiant, chargé de faire des recherches dans les archives d’un artiste disparu depuis un siècle, il se lance imprudemment sur les traces d’un étrange faussaire

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Après, notamment, Un temps égaré, prix du premier roman de Chambéry, et A l’ombre des vainqueurs, quatre fois primé, ce nouveau roman de Marie-Laure de Cazotte nous embarque dans une enquête palpitante empreinte de poésie et interroge les liens entre vérité et imaginaire.

Mon avis

Tristan est un petit garçon sensible dont les parents tentent de brider l’imagination. Ils ne supportent pas sa personnalité rêveuse et l’accusent de mentir ; seul son frère, son aîné de douze ans, lui apporte de l’affection. Quand il est âgé de huit ans, un nouvel élève arrive dans sa classe : il s’appelle Marc et est japonais. Auprès de lui, Tristan vit de belles aventures. Mais un jour, son copain lui offre un cadeau et ne revient plus à l’école. C’est alors que son ami intérieur, Monsieur Kurosawa entre dans sa vie. Il sera rejoint par Jacob, un vieux marin. Ensuite, il rencontre Sultan, un chien, qu’il peut adopter grâce à l’appui de son frère.

Une autre figure bienveillante lui permet de traverser l’adolescence : Marc-Antoine Donnadieu, un psychiatre. Le docteur est le seul à entendre ses confidences et ses silences. « Je suis devenu psychiatre pour ne pas mourir de mon enfance. » (p. 55) Auprès de lui, Tristan peut être lui-même. Il perçoit que ses parents ne l’acceptent pas. Il ne reçoit pas d’amour, que des critiques et de la maltraitance physique, psychologique et matérielle. Son monde intérieur lui permet de survivre. « Enfant, les parents me disaient toqué, mais je suis certain que si je ne l’avais pas été, ils m’auraient rendu fou. Pour de vrai. » (p. 68)

Après son bac, contre l’avis parental, Tristan entame des études de l’histoire de l’art. En visitant une exposition, il découvre les œuvres d’un artiste disparu en 1913, parti sans laisser de trace. Ébloui par les œuvres de Charles-Félix Lorme, le jeune homme décide de percer ce mystère. Il se fait, alors, engager par le galeriste qui travaille à la publication d’un catalogue raisonné. C’est « un ouvrage rassemblant l’intégralité de l’œuvre d’un créateur et la documentation s’y afférant. » (p. 81) Sa maîtrise de l’onirisme l’entraîne dans les pas d’un étrange faussaire.

Pour lire ce roman, il faut accepter de se laisser porter. Il faut déposer les armes, oublier la rationalité et être prêt à un voyage entre rêve et réalité. En effet, la frontière entre les deux n’est pas marquée, les deux s’entremêlent et créent un nouvel espace : celui dans lequel évolue Tristan. De nombreuses fois, nous nous demandons si sa perception est réelle ou imaginaire : chacune empiète sur l’autre ; chacune livre les souffrances de l’enfance de Tristan et ses repères pour résister. Il tire ses forces auprès de personnes bienveillantes : certaines existent, d’autres naissent dans son cœur. Ses recherches le confrontent à des décisions qui oscillent entre mensonges et vérités, entre enfance et âge adulte. Le gardien de l’inoubliable est un voyage initiatique et onirique qui oblige à lâcher prise et à se questionner. Il est différent de mes lectures habituelles, mais je l’ai beaucoup aimé.

Je remercie sincèrement l’agence Gilles Paris et les Éditions Albin Michel pour ce service presse.

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