Immersion, Emiliano Poddi

Immersion

Emiliano Poddi

Editions Albin Michel

Quatrième de couverture

À cent un ans, Leni Riefenstahl nage sereinement dans les eaux des Maldives : c’est son ultime plongée, la dernière fois qu’elle pourra photographier la barrière de corail. Derrière elle, Martha, une jeune biologiste marine, a pour mission de l’escorter. Mais Martha n’est pas là par hasard : elle suit Leni depuis longtemps, à distance, compilant toutes les informations possibles sur la « réalisatrice d’Hitler ». Elle est particulièrement obsédée par Tiefland, tourné en 1941 avec des figurants tsiganes, dont la mère de la jeune femme, enrôlés dans des camps avant d’être déportés à Auschwitz. 


Tandis que Leni nage, Martha, dans son sillage, voit enfin l’occasion de remonter le cours du passé et de solder les comptes.


Faisant magistralement alterner les voix et les registres, Emiliano Poddi construit autour de la figure terrible et fascinante de Leni Riefenstahl un roman puissant, inspiré de faits réels.

Mon avis

Martha est biologiste et accompagnatrice de plongée sur une île des Maldives. Lorsqu’elle apprend que Leni Riefenstahl envisage d’effectuer une ultime immersion sous-marine, dans une île proche de la sienne, elle demande sa mutation. Elle pense tenir sa chance de confronter l’Allemande à ses actes. Depuis des années, elle reconstitue l’histoire de celle qui se vante d’avoir eu cinq vies. L’une de ces existences est liée à la famille de Martha. 

Âgée maintenant de cent un ans, Leni Riefenstahl était la « réalisatrice d’Hitler ». Elle a tourné Le Triomphe de la volonté, Les dieux du stade, etc., des films de propagande nazie. La mère de Martha a croisé son chemin en 1941, alors qu’elle était internée au camp de Maxglan, près de Salzbourg. Elle a été sa doublure dans Tiefland. La réalisatrice avait choisi des prisonniers tsiganes pour jouer le rôle d’Espagnols. Parmi eux, de nombreux enfants. Peu ont survécu. Moteur, action, renvoi en enfer, déportation à Auschwitz et un choix impossible, épouvantable, horrifique…

Dans les profondeurs sous-marines, Martha déroule celles de l’Histoire. Elle possède soixante minutes pour affronter un siècle d’existence. Pourtant, la narratrice prend son temps. Elle avance à petits pas, mêle le vécu familial à ses recherches sur sa compagne de plongée. Le dialogue est dans son esprit, pourtant, nous avons la sensation qu’elle l’exprime oralement, avec douceur. Les cris s’entendent dans la paisibilité du discours. Ils sont si puissants qu’ils ne nécessitent pas d’être poussés. Le récit est émaillé de contrastes. Le silence exprime la rage et la douleur, les horreurs du nazisme sont contés dans l’univers magique sous-marin, les couleurs de la nature s’intègrent dans la noirceur de l’humanité.

Au début de ma lecture, j’ai eu peur que les descriptions de la vie sous la mer me dérangent. En effet, elles constituent une part importante du récit. Aussi, j’ai été surprise par la fascination que j’ai ressentie. Elles sont un personnage du roman. Elles rappellent l’immensité du monde et l’incroyable équilibre de la nature, quand par exemple, un petit poisson utilise ses armes pour tromper les prédateurs. Très imagées, elles créent des passerelles entre les pensées de Martha et l’affrontement en cours. Elles disent ce que la jeune femme ne peut pas énoncer.

J’ai été subjuguée par ce roman éblouissant. J’ai adoré.

Je remercie sincèrement Adeline des Éditions Albin Michel pour ce service presse.

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