Les Dames de guerre – Saïgon, Laurent Guillaume

Les Dames de guerre

Saïgon

Laurent Guillaume

Éditions Robert Laffont

Septembre 1953, New York. La rédaction de Life magazine est en deuil. Son reporter de guerre vedette, Robert Kovacs, a trouvé la mort en Indochine française laissant derrière lui un vide immense.


Persuadée que sa disparition n’a rien d’accidentelle, Elizabeth Cole, photographe de la page mondaine, décide de lui succéder et réalise ainsi son plus grand rêve : devenir correspondante de guerre.


C’est le début d’une enquête à l’autre bout du monde, au coeur d’un écheveau d’espions, de tueurs à gages, de sectes guerrières, d’aventuriers, et de trafiquants d’armes. À Saigon, Hanoï, sur les hauts plateaux du Laos, Elizabeth va rencontrer son destin en exerçant son métier dans des conditions extrêmes et affronter les pires dangers.

En septembre 1953, alors qu’il effectue une mission, en Indochine, le reporter Robert Kovacs perd la vie. Il avait couvert de nombreux conflits : de la guerre d’Espagne à celle d’Indochine. Lors du débarquement à Omaha Beach, il était au plus près de l’action. « Robert avait coutume de dire que si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près. » (p. 46) Hélas, il était trop près d’une mine. Lorsque le rédacteur en chef de Life magazine, basé à New York, réunit les journalistes pour trouver lui un successeur, personne ne se propose. Tous ont en tête le corps mutilé de leur collègue. Soudain, une main se lève : c’est celle d’Elizabeth Cole. Elle écrit la chronique mondaine. Les rires masculins fusent. Finalement, faute de candidats, la jeune femme est désignée.

Persuadée que la mort de Robert n’est pas accidentelle, elle est déterminée à faire émerger la vérité et à lui rendre justice. En effet, dans les affaires du défunt, elle a trouvé une pellicule, cachée dans un col. Un des clichés ne valide pas la version officielle des autorités françaises.

A son arrivée à Saïgon, elle est accueillie par Graham Fowler, un journaliste anglais. Chargé de sa protection et de l’introduire auprès des différentes instances en place, il doit composer avec la fougue et l’imprudence de la reporter débutante. La curiosité d’Elizabeth alerte et inquiète les services secrets de plusieurs pays et les forces en puissance dans le conflit (CIA, SDECE, Vietminhs, Méos, Corses, sectes guerrières, contrebandiers, etc). Elle s’intéresse un peu trop, à leur goût, à leurs activités ; par exemple le trafic d’opium, dans lequel les occidentaux tiennent un rôle inavouable, décrit sous le nom d’opération X (ces faits se sont réellement produits).

J’avais peu de connaissances sur la décolonisation de l’Indochine, même si des scènes marquantes de A Dieu vat et de Le grand monde (un petit clin d’œil m’a fait sourire) se sont imprégnées dans ma mémoire. Aussi, j’avais tout à découvrir. J’ai été captivée par les découvertes d‘Elizabeth et, comme elle, j’ai été scandalisée par certains évènements. J’ai craint pour sa vie, car elle est déterminée à mener son enquête jusqu’au bout et à prendre tous les risques, pour révéler ce que les États camouflent soigneusement. Je me méfiais de tous, faisant confiance à ceux qui ne le méritaient pas, dirigeant mon courroux, parfois, vers les mauvaises personnes. L’inexpérience d’Elizabeth m’a touchée, car j’ai senti que j’aurais pu faire les mêmes erreurs qu’elle, manquer de recul et agir, imprudemment, au nom de la justice. J’ai admiré son esprit de déduction, alors qu’elle ne possède pas certains éléments et j’ai été époustouflée par sa témérité. Enfin, j’ai été captivée par le déroulement du conflit et l’approche documentée proposée par l’auteur. J’ai très envie de découvrir la suite de cette série : j’ai adoré ce premier tome.

Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Robert Laffont pour cette masse critique privilégiée.

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