Passeport, Alexis Michalik

Passeport

Alexis Michalik

Éditions Albin Michel

Issa, un jeune Érythréen, est laissé pour mort au camp de Calais, dans la « jungle ». Survivant miraculeusement à ses blessures et à ses traumatismes, mais ayant totalement perdu la mémoire, il ne peut se fier qu’à son passeport, seul vestige de son passé. Aidé de deux compagnons d’infortune, Arun et Ali, il devra affronter la machine administrative et ouvrir une à une les portes qui le mèneront vers un titre de séjour.


De l’autre côté de la barrière, Lucas, jeune gendarme d’origine comorienne, adopté par un couple de calaisiens, croise la route d’une jeune journaliste qui bousculera la personne qu’il croyait être. De rencontre en rencontre, nos héros entameront un voyage vers leur identité. 


Alexis Michalik, auteur de pièces de théâtre primées aux Molières, jouées dans le monde entier, adaptées au cinéma et en bande dessinée, mais également d’un roman (Loin, Albin Michel, 2019) livre une réflexion pleine d’humanité sur la rencontre entre deux êtres déplacés.

Passeport est une pièce de théâtre. Dans le prologue, les personnages se présentent. Ils indiquent leur prénom, leur lieu de naissance, leur nationalité et celles de leurs parents. Lorsque le tour d’Issa arrive, il cherche dans sa mémoire et s’effondre.

La scène est alors transportée dans le passé, dans la jungle de Calais où Issa s’est fait agresser. Il est transporté à l’hôpital. Il a de multiples blessures. Après huit jours de coma, il se réveille : il a perdu la mémoire. Les seules informations, qu’il possède sur lui-même, sont celles de son passeport. Il apprend qu’il est érythréen. A son retour dans le camp, il se lie à Arun, un Indien et à Ali, un Syrien. Tous les trois s’entraident pour effectuer les démarches administratives pour obtenir un titre de séjour et rêver à une nouvelle vie.

Lucas est gendarme. Sa mission est d’empêcher les réfugiés de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Son travail et sa rencontre avec une journaliste bouleversent sa perception de son existence.

Lorsque j’ai choisi ce livre, je n’avais pas imaginé que c’était une pièce de théâtre. Je savais qu’Alexis Michalik en écrivait, mais le seul titre que j’avais lu de lui était Loin : un roman. Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre, hormis les pièces de Molière, Musset, etc. Aussi, j’ai eu peur d’être déstabilisée. Or, c’est le contraire qui s’est produit. J’ai adoré m’apercevoir que les dialogues passaient les messages et les sentiments de chacun grâce au choix des mots et à leur force. Comme dans une conversation, nous ne pouvons que nous appuyer que ce qui est énoncé pour forger notre opinion. Nous le confrontons à nos connaissances, à notre sensibilité et à notre expérience. D’autres personnages nuancent ou renforcent notre vision de la situation. J’ai aimé entendre plusieurs voix s’exprimer sur le même thème. J’ai été touchée par le parcours de chacun et j’ai apprécié la diversité des destins et des convictions. J’ai aussi aimé être dans la peau de chacun, pour approcher leurs difficultés, leurs espoirs et décrypter leurs actes. Enfin, j’ai été épatée par un renversement de situation, qui donne une leçon fabuleuse.

J’ai adoré Passeport.

Je remercie sincèrement Adeline des Éditions Albin Michel pour sa confiance.

Loin

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