Le Dernier festin des vaincus, Estelle Tharreau

Le Dernier festin des vaincus

Estelle Tharreau

Éditions Taurnada

Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.


Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l’omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l’enfer de ce dernier jalon avant la toundra.


Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.


« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. »

Philippe Murdock est chef de bande de la réserve indienne de Meshkanau et William Lemay est maire de la ville de Pointe-Cartier, située à deux kilomètres de cette dernière. Ils ont été conviés à passer le réveillon avec des ministres. Ils comprennent très vite qu’ils ont été piégés. La décision du gouvernement sera annoncée avant leur retour : un projet de « scierie gigantesque desservie par une autoroute ». (p. 15 ) Ils savent que cette information va raviver les tensions entre les Blancs et les Indiens.

Ce même soir de passage à la nouvelle année, Naomi Sheehan, une Autochtone, disparaît. Âgée de seize ans, elle a déjà fait plusieurs fugues. Michèle se rappelle avoir entendu sa fille lui demander de rentrer avec elle ; elle semblait avoir peur. Elle n’en pas certaine, « peut-être que tout cela était un de ses nombreux délires éthyliques. » (p. 23) Aussi, elle ne s’épuise pas en recherches qu’elle considère inutiles, alors qu’ « au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. » (avant-propos)

Cependant, lorsque la disparition de Naomi est évoquée sur la radio communautaire, la Police est forcée de rechercher l’adolescente. L’enquête est confiée au jeune Logan Robertson, affecté récemment au commissariat de Pointe-Cartier. Il a été désigné en raison de son détachement et de son flegme apparents : il ne risque pas de faire du zèle. Il lui est demandé de faire le minimum. Contre toute attente, il prend cette affaire à cœur et est déterminé à faire jaillir la vérité, à rendre justice à la jeune fille.

Le Dernier festin des vaincus dénonce les injustices, le racisme et les exactions, dont sont victimes les Indiens, en particulier les femmes et les enfants. Il décrit les terribles conditions de vie des familles, les traumatismes des adultes liés à leur placement dans les pensionnats indiens, qui rejaillissent sur les générations suivantes. Sans qualification, l’alcool et la drogue aident à survivre aux horribles souvenirs. Les scènes sont douloureuses et, malheureusement, le reflet de la réalité. C’est un roman très noir, mêlé de suspense, un cri de rage et d’effroi. C’est bouleversant et révoltant. J’ai adoré.

Je remercie sincèrement Joël des Éditions Taurnada pour ce service presse.

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