La solitude des tempêtes, Éric Nguyen

La solitude des tempêtes

Éric Nguyen

Éditions Albin Michel

Collection Terres d’Amérique

Quatrième de couverture

« D’une guerre à un ouragan, d’un océan traversé à une terrible inondation : voilà un roman qui nourrit l’âme et le corps ».

Viet Thanh Nguyen, auteur du Sympathisant, prix Pulitzer


Lorsque la jeune Hýõng débarque à La Nouvelle-Orléans en 1978 avec ses deux enfants, comme tant d’autres boat people ayant fui le régime communiste, elle n’a ni argent ni travail et ne parle pas un mot d’anglais. Inquiète pour son mari resté au Vietnam, elle vit dans l’espoir qu’il les rejoigne un jour avant de comprendre qu’elle ne le reverra jamais.


Si son fils aîné a la nostalgie du pays de ses origines et finit par rejoindre un gang vietnamien, le plus jeune veut être un parfait Américain, devenir écrivain et assumer son homosexualité.


Tandis qu’au fil des années leurs différentes expériences de l’exil menacent de les éloigner pour toujours, l’ouragan Katrina s’approche, les forçant à trouver une nouvelle manière d’honorer les liens qui les unissent.


Eric Nguyen est né en 1988 aux États-Unis dans une famille de réfugiés vietnamiens. Il est le rédacteur en chef de diaCRITICS et vit à Washington. La Solitude des tempêtes est son premier roman, et a été salué par Barack Obama comme l’un de ses livres préférés.

Mon avis

En 1978, Hýõng quitte Saigon avec son mari et son fils. La ville est devenue trop dangereuse. Ils s’installent alors dans le village natal de la jeune femme. Un soir, Cong déclare qu’ils feraient mieux de partir, de quitter le pays. Sur des carnets, il élabore des plans. Une visite des communistes le persuade qu’ils ne peuvent plus rester, que les risques sont trop grands. Mais au moment du départ, dans la panique, la famille est séparée. Hýõng passe dix jours en mer, avec son petit garçon et son bébé dans le ventre. Après une longue traversée périlleuse sur une mer agitée, elle passe plusieurs mois dans un camp à Singapour avant de prendre un avion pour l’Amérique.

Lorsqu’elle s’installe à la Nouvelle-Orléans, avec ses deux fils, Hýõng ne parle pas un mot d’anglais. Mais elle est courageuse. Armée de phrases toutes faites, elle cherche du travail. Elle attend que son époux la rejoigne. Puis elle comprend que Cong ne viendra pas, qu’il est resté au Vietnam. Elle est forcée de composer avec l’absence d’homme pour elle et de figure paternelle pour ses enfants. Tuán était trop jeune pour se souvenir de son père et Binh (qui a choisi de se faire appeler Ben) ne l’a pas connu. L’aîné recherche ses racines vietnamiennes par tous les moyens, en faisant, parfois, des mauvais choix, comme celui d’intégrer un gang. Le cadet, lui, ne rêve que d’assimilation. Chacun cherche sa place, se débat avec le poids de l’exil.

Ce roman déroule vingt-six ans de l’histoire de cette famille d’exilés, après leur fuite du régime communiste, au Vietnam. Il déroule leurs espoirs d’un nouveau départ, la douleur de l’exil, les souffrances de l’intolérance et la nécessité de se reconstruire, de se réinventer ou tout simplement d’exister. Comme une métaphore des remous de leur existence, le thème de l’eau est omniprésent. L’élément est dans la traversée en bateau, en passant par des cours de natation, une piscine où Ben découvre sa sexualité, le bayou, l’accès au confort de l’eau, jusqu’au passage de l’ouragan Katrina. Il est un fil conducteur du roman. Il est parfois une aide, parfois un obstacle. Deux générations, trois personnalités différentes sont en quête d’identité.

La solitude des tempêtes est un roman envoûtant sur l’exil de boat people. Je me suis attachée aux trois protagonistes, en raison de leurs errements et de l’authenticité de leurs émotions. Le sujet est universel, mais conté de manière intimiste à travers trois perceptions différentes, liées au vécu des personnages. Même s’ils sont de la même famille, le souvenir de leurs origines n’a pas la même profondeur d’enracinement.

Je remercie sincèrement Adeline des Éditions Albin Michel pour ce service presse.

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