Les amies de Constantine, Osman Chaggou et Armand Vial

Les amies de Constantine

Osman Chaggou et Armand Vial

Éditions Christine Bonneton

Quatrième de couverture

Septembre 1955, dans le nord de l’Algérie. Fatma, à la suite des événements du 20 août 1955, se trouve contrainte de quitter sa campagne pour la grande ville, Constantine. Veuve, après le décès de son mari survenu quelques mois plus tôt, et mère de quatre enfants, elle doit chercher du travail pour subvenir aux besoins de sa famille.

Le destin lui sourit-il lorsque, presque simultanément, elle est employée comme femme de ménage à la fois chez un commissaire de police français et dans une famille de résistants algériens ? Et qu’attendre de Geneviève, l’épouse du commissaire, avec laquelle elle se lie d’amitié quand les deux jeunes femmes au destin partagé entament une relation sororale basée sur le partage et l’amitié ?

Mais nous sommes en temps de guerre…


L’Algérie fête, en 2022, les soixante ans de son indépendance. Deux auteurs (un Algérien et un Français né en Algérie) ont, à travers deux personnages féminins, voulu donner un angle de vue différent sur ce qu’a été la période de la guerre pour  » les victimes de l’Histoire « . De cette écriture à quatre mains, un texte polyphonique a vu le jour, imprégné par la culture de ses deux auteurs.

Mon avis

Pendant plus de quatre-vingt-dix ans, Fatma n’a jamais célébré sa naissance. Elle n’en connaissait pas la date. Entourée de ses enfants, de ses petits-enfants et de ses arrière-petits-enfants, ce 19 mars, pour la première fois de sa vie, elle fête son anniversaire. Cela aura pu être n’importe quel autre jour. Elle vit chez son petit-fils, qui chaque jour, enregistre ses mémoires. Il la laisse s’exprimer même si son récit est décousu. Par moments, il intervient en lui posant une question lorsque ses propos sont trop ambigus. Ce sont, parfois, des dialogues surréalistes, car tous deux ne parlent pas toujours du même sujet. Les répliques de la vieille dame font, quelques fois, sourire, mais sont toujours attendrissantes.

Avant de mourir, Fatma accepte de raconter son histoire et de livrer sa perception de la guerre d’Algérie, avec ses mots à elle. Ils ne sont pas toujours justes, mais c’est sa vision et son appréhension des évènements. Elle ne les a pas forcément compris, mais elle les a vécus. Elle n’a pas oublié les martyres. Son mari a été tué, lors des massacres du 20 août 1955. Elle a vu mourir des cousins et a perdu un fils. Début septembre, elle a été forcée de quitter sa campagne et de s’installer à Constantine, avec ses enfants et la famille de son oncle.

La cohabitation était difficile et elle a été contrainte de quitter la maison. C’est alors qu’elle a rencontré Hazifa, qui l’a recueillie et aidée à trouver un emploi. C’était son premier contact avec la Révolution. C’est ainsi que sans le comprendre réellement, elle a été utilisée par le mouvement national, lorsque son travail, en tant que femme de ménage pour l’épouse d’un commissaire français, lui a octroyé des avantages… Le récit de l’Algérienne alterne avec celui de Geneviève, la Française qui l’a embauchée.

J’avais choisi ce livre, en pensant qu’il m’aiderait à comprendre cette période trouble de l’Histoire franco-algérienne, mais ce n’est pas son objectif. Il livre la perception de deux personnages féminins aux vies, aux univers et aux conditions sociales et culturelles différentes. Elles n’ont pas la même compréhension du conflit, cependant, elles en sont les victimes et les témoins. Elles partagent leurs rêves, leurs regrets et leurs espoirs. Discrètement, chacune s’inquiète pour l’autre, mais ne l’exprime pas. Leur relation est empreinte de respect et de sonorité. C’est un roman émouvant sur l’amitié solide et sincère entre deux femmes que tout aurait pu séparer, au cœur de la guerre d’Algérie. J’ai adoré Les amies de Constantine.

Je remercie sincèrement Laura des Éditions Christine Bonneton pour ce service presse.

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