La fabrique des livres anonymes, Isabelle Marsay

La fabrique des livres anonymes

Isabelle Marsay

Editions Les Soleils Bleus

Quatrième de couverture

Sept écrivains ont signé un contrat alléchant les obligeant à se couper du monde, durant neuf mois, pour écrire, dans un lieu inconnu, sans connexion, un roman dont ils céderont les droits à un mystérieux mécène qui assurera la promotion de leur œuvre en son nom propre.


Ils échouent sur une plateforme pétrolière désaffectée, en pleine mer du Nord. Parviendront-ils à écrire dans des conditions extrêmes et à résoudre l’énigme de leur présence en ces lieux ?

Survivront-ils à la nuit polaire et à un huis clos digne d’un thriller ? Et si l’hélicoptère chargé d’assurer leur ravitaillement un jour, n’arrivait pas ?

Mon avis

Sept écrivains ont rendez-vous à l’aéroport du Bourget. Ils ne se sont jamais rencontrés, mais ils vont, pourtant, vivre une aventure commune. Pendant neuf mois, coupés du monde, ils vont se consacrer à leur passion : l’écriture. Sans portable, sans connexion, ils vont vivre un moment hors du temps, sans nouvelles de leurs proches et sans possibilité d’en donner eux-mêmes. Leur mission est d’écrire un roman, qu’ils céderont à un mystérieux mécène. Ils recevront chacun cent mille euros, dont une avance leur a déjà été versée.

Ils ne connaissent pas leur destination. Ils imaginent une île paradisiaque. C’est sur une plate-forme pétrolière désaffectée, en mer du Nord, qu’ils sont emmenés. « Ils atterrissaient bien sur une île : une île aux charpentes d’acier, constituée de traverses et de ponts, perchée entre mer et ciel, au-dessus du vide et des eaux glacées, à mille milles de toute terre habitée. » (p. 24) Pendant une étape de leur voyage, à Tromsø, en Norvège, l’un d’entre eux a eu le réflexe de télécharger des informations sur cet espace géographique, avant que leurs téléphones leur soient retirés. Aussi, ils se préparent à une nuit sans fin ; à la nuit polaire. Ils sont seuls, au milieu de la mer. Personne ne sait où ils sont. Tout peut arriver.

Ils sont sept et ont des personnalités différentes, qui s’expriment, également, dans leurs textes. Plusieurs genres sont représentés : suspense psychologique, anticipation, dystopie, drame, affaire judiciaire, etc. Ils souhaitent tous que leur roman soit choisi, mais ils sont trop modestes pour se l’avouer. Ils partagent des extraits de leur manuscrit. Comme un livre-gigogne, nous passons d’un style à l’autre et, selon nos goûts personnels, nous établissons un classement inconscient. C’est un véritable numéro d’équilibriste auquel se livre Isabelle Marsay. J’ai été surprise, quand je me suis aperçue que j’étais tenue en haleine par un récit d’anticipation, alors que je ne suis pas attirée par ce genre.

Un texte est, particulièrement, angoissant, car il évoque la situation exceptionnelle des personnages. A cela s’ajoute la peur de ne pas être ravitaillé. Toutes les six semaines, un hélicoptère apporte des vivres. Et s’ils étaient oubliés en pleine mer ? L’exploration de leur habitation apporte, elle aussi, des motifs d’inquiétude. La créativité, peut-elle s’exprimer dans ces conditions extrêmes ? Enfin, des personnalités se révèlent et des révélations fracassantes perturbent l’ordre établi.

La fabrique des livres contient plusieurs romans, dans une intrigue qui est, elle-même, à tiroirs. Telle une commode, avec des compartiments cachés, le suspense envahit tous les recoins : dans la réalité et dans la fiction, dans le passé, le présent et le futur, dans les caractères et dans les apparences, dans le langage et dans les pensées, etc. D’un thème à l’autre, nous sommes tenus en haleine et devons patienter pour obtenir des réponses, puisque les situations et les récits alternent, entretenant un suspense continuel. Ce roman est aussi une ode à la littérature, à travers toutes ses formes. Il est un hommage à la création et au pouvoir des mots. J’ai adoré.

Je remercie sincèrement Isabelle Marsay pour sa confiance.

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