Le Pain des anges, Geneviève Bouche

Le Pain des anges

Geneviève Bouche

Éditions Frison Roche – Belles Lettres

Collection Ex Nihilo

Quatrième de couverture

Dans une chambre d’hôpital chargée de non-dits, quatre sœurs aux rapports conflictuels se retrouvent au chevet de leur mère.

Constance et ses filles – Pise, Eiffel, Magne et Ivoire – savent que sa mort approche. Chaque jour, tour à tour, les quatre soeurs rendent visite à leur mère, lui demandent comment elle se sent, puis lui font la lecture. Elles lui lisent « son Dante », le manuscrit dans lequel Constance raconte l’histoire d’amour réelle et jamais révélée entre Dante et Dame Gentucca, qu’elle a tissée à partir de lettres authentiques. Mais ces visites à « l’arbre-mère » réveillent tous les dysfonctionnements des relations familiales : Magne, l’aînée, a élevé ses soeurs à la place d’une mère trop absorbée par l’écriture, et a quitté le foyer tôt pour fuir Pise, qui puisait dans son énergie à outrance. Eiffel et Ivoire ne peuvent – ou ne veulent – pas s’investir autant que Pise, qui porte sur ses épaules l’accompagnement de proximité et la peur que chaque jour soit le dernier. Ces cinq voix de femmes s’entremêlent. Au chevet de leur mère, les filles lisent à haute voix, car Constance ne parle plus. Elle a tant à dire, mais n’en a plus la force. Alors, dans cette chambre où l’on n’attend plus rien que la mort, la lecture est un semblant de conversation, quand les souvenirs, les regrets, la rancoeur et l’amour restent enfermés dans l’intimité de la pensée.

Mon avis

Constance est en EHPAD. Elle ne peut plus parler et ses filles lui enjoignent, chaque jour, de garder sa tête droite, pour lui éviter d’être envoyée dans un autre établissement. Elle est la mère de quatre filles qui, tour à tour, lui rendent visite. Elle a une relation différente avec chacune. Toutes portent le nom d’une tour : Pise, Eiffel, Magne et Ivoire. Constance est l’arbre-mère. Pise est la plus affectée par le silence maternel : « Mon arbre-mère se tait et, moi, je dépéris. » (p. 9) Avec son exubérance, qui exaspère ses sœurs, elle aimerait lui redonner la parole, savoir ce qu’elle ressent, s’assurer qu’elle va bien et qu’elle ne s’ennuie pas.

En rangeant les affaires de Constance, Eiffel tombe sur un journal. Elle a alors une idée : elle propose à ses sœurs de lire à leur mère, les manuscrits qu’elle a écrits tout au long de sa vie. Ils ne sont ni classés, ni annotés, aussi la lecture s’effectue dans le désordre. Chaque fille choisit le récit qui lui parle le plus. Du polar au texte intime, Constance ne sait jamais quel livre va rythmer sa journée et ses pensées. En effet, ses romans comportent une immense part de véracité, une part de sa vie que ses enfants ne soupçonnent pas. Une de ses créations domine les autres : il s’agit de son Dante. A partir de lettres authentiques, elle relate l’histoire d’amour entre Dante et Dame Gentucca.

Les réflexions de la mère de famille s’entrelacent avec celles de sa progéniture. Cependant, ce sont les écrits de Constance qui sont le fil conducteur. De chapitres en chapitres, sa vie s’égrène par petites touches, en fonction de l’ordre de la lecture. Nous passons d’un thème à l’autre, sautant les époques et alternant les genres littéraires. Au début, j’étais amusée par cette narration atypique. Pourtant, j’ai fini par me lasser. Il me semble que, comme les passages que je préférais, à savoir les émotions de la vieille dame, étaient minoritaires, cela a amoindri mon intérêt. De plus, alors qu’au début, j’aimais l’intrigue mettant en scène Dante, quand elle a pris une place prédominante, je me suis détachée. Certainement, parce que je manque de connaissances au sujet du poète, que je n’ai jamais lu. Au fil des chapitres, j’ai eu la sensation que le rythme qui m’avait séduite au début, se ralentissait et je ne m’y retrouvais plus. Alors que j’ai trouvé énormément de qualités à ce roman (écriture, hommage à Dante, expurgation par l’écrit, dénonciation du traitement de nos anciens, etc.), elles n’étaient pas celles que je recherchais. Aussi, je ne l’ai, malheureusement, pas aimé. Cependant, je suis certaine que son message séduira de nombreux lecteurs.

Je remercie sincèrement Élya des Éditions Frison Roche – Belles Lettres pour ce service presse.

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