Le chant d’Haïganouch, Ian Manook

Le chant d’Haïganouch

Ian Manook

Editions Albin Michel

Quatrième de couverture

On leur avait promis une terre qu’ils ne quitteraient plus.

Et c’est à nouvel exil qu’ils sont contraints…

Ils en rêvaient : reconstruire leur pays et leur histoire. Comme des milliers d’Arméniens, Agop, répondant à l’appel de Staline, du Parti Communiste français et des principales organisations arméniennes de France, quitte sa famille et embarque en 1947 à bord du Rossia dans le port de Marseille. Mais au bout du voyage, c’est l’enfer soviétique qu’il découvre et non la terre promise.

Sur les bords du lac Baïkal, Haïganouch, une poétesse aveugle, séparée de sa sœur lors du génocide de 1915, aujourd’hui traquée par la police politique, affronte elle aussi les tourments de l’Histoire.

Des camps de travail d’Erevan aux goulags d’Iakoutsk, leurs routes se croiseront plus d’une fois, au fil d’une odyssée où la peur rencontre l’espoir, le courage et l’entraide. Agop et Haïganouch parviendront-ils à vaincre, une fois de plus, les ennemis de la liberté, pour s’enfuir et retrouver ceux qu’ils aiment ?

Après le succès de L’oiseau bleu d’Erzeroum (lauréat des Trophées littéraires des Nouvelles d’Arménie magazine), Ian Manook signe une nouvelle fresque familiale bouleversante et une saga historique tumultueuse, hymne à la résistance et à la mémoire d’un peuple.

Mon avis

En 2021, j’avais eu un coup de cœur magistral pour L’oiseau bleu d’Erzeroum (mon avis est ICI). Mon cœur avait saigné en lisant les souffrances des Arméniens et s’était rempli d’amour pour les personnages. Je n’ai pas oublié les larmes et les émotions que j’avais ressenties, aussi, j’attendais avec impatience la publication du deuxième tome de cette saga mémorable : Le Chant d’Haïganouch. Même si j’avais oublié certains éléments de l’histoire, j’ai apprécié que l’auteur me les rappelle de manière subtile et discrète ; par un mot, il ravivait mes souvenirs et me laissait le temps de m’en imprégner.

1947, en France. Agop, un personnage fougueux, qui sauvait des vies au risque de la sienne, avec son ami Haïgaz, dans l’opus précédent, « a décidé de répondre à l’appel de Staline, du Parti communiste et des principales organisations arméniennes de France. » Attiré par la promesse de reconstruire l’Arménie et son histoire et déçu par l’attitude de la France, pendant la guerre, il prend le premier bateau en partance pour l’URSS. Si cela lui plaît, son épouse et ses enfants le rejoindront. Haïgaz tente de l’alerter : la République d’Arménie est devenue soviétique. Il est persuadé que les rapatriés sont forcés de devenir communistes. « Le premier qui essaye, je le tue. » (p. 12)

Hélas, Agop aurait dû écouter les supplications de son entourage. Dès la traversée, il perçoit son erreur. Mais c’est à son arrivée à Erevan, qu’il comprend qu’il a embarqué, volontairement, pour l’enfer, sans retour possible. Pourtant, il ne perd pas espoir, il a confiance en son ingéniosité et son courage : il parviendra à fuir l’oppression. Malheureusement, ceux que le régime totalitaire appelle les rapatriés sont abandonnés de tous. Une fois encore, les Arméniens sont oubliés et meurent dans des camps de travail. C’est en Sibérie qu’Agop est déporté. Il ne sait pas que dans cette contrée hostile, survit une jeune poétesse aveugle. Elle est celle qu’Agop et ses proches attendent, en France ; celle de qui l’absence de nouvelles meurtrit leur cœur et qui subit, elle aussi, la haine des hommes.

Durant toute ma lecture, j’ai été révoltée par les souffrances des victimes du stalinisme, par l’indifférence et l’ignorance des pays occidentaux, qui ont même abandonné leurs citoyens, et par le silence de l’Histoire. J’ai été ébranlée par les descriptions des conditions de survie des prisonniers du goulag. En effet, même s’il est impossible de se représenter de telles souffrances, Ian Manook parvient, cependant, à transmettre l’horreur des faits, la douleur d’Agop, sa force et ses espérances de liberté. Ce dernier ne se résigne pas. Son humanité ne s’éteint pas, malgré les sévices et l’oppression. Il se bat pour lui et pour les autres. J’ai aussi été touchée par le destin d’une jeune femme, cible de vengeance d’un homme de pouvoir. Elle a connu le pire en étant petite, pourtant, la vie s’acharne. Mais, elle aussi, elle s’accroche à ses espérances et reste debout. J’ai, également, été émue par la détresse de ceux restés en France, inquiets pour ceux qui sont loin d’eux ; ils ne savent pas s’ils sont encore en vie, mais ils préparent leur retour. Enfin, j’ai beaucoup frissonné : souvent d’horreur et de peine, mais aussi de joie. J’ai pleuré quand l’émotion était trop vive ; quand des évènements me faisaient souffrir et quand d’autres remplissaient mon cœur d’amour, d’espoir et de reconnaissance.

J’ai été bouleversée par Le chant d’Haïganouch. J’ai eu, une nouvelle fois, un coup de cœur mémorable pour cette saga qui raconte les souffrances des Arméniens, mais qui rappelle la richesse de ce peuple qui veut être aimé pour son Histoire et sa culture et non pas pour les exactions subies.

Je remercie sincèrement Agathe des Éditions Albin Michel pour ce service presse.

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