
Le Voyage du fleuve
Martine Pilate
Editions de Borée
Collection Terres d’écriture
Quatrième de couverture
« Il faut toujours avoir de la musique dans son coeur pour faire danser la vie » La devise de la famille Midern, facteurs de pianos de père en fils, Frédéric l’a entendue toute son enfance dans la bouche de son grand-père? Rien d’étonnant dès lors à ce qu’il tombe sous le charme d’une jeune pianiste originaire d’Allemagne de l’Est lord d’un concours musical international. Léonore von Linden, pour sa part, est fascinée par l’assurance qui émane de cet homme libre, quand de l’autre côté du rideau de fer tout est sous contrôle, les relations sociales comme la musique. A partir de ce jour, Frédéric s’évertuera à révéler le grand talent de Léonore et à faire danser la vie…
Mon avis
Dans la famille de Frédéric, les hommes sont facteurs de pianos de père en fils. Tenté par d’autres aventures, il entend, pourtant, l’appel de la musique et de la tradition, lorsqu’il assiste, à Bruxelles, au concours Reine Élisabeth. Cette année-là, l’épreuve est consacrée au piano. Il tombe sous le charme d’une des participantes : Léonore von Linden, arrivée troisième. La déception exacerbée de la jeune fille frappe Frédéric. Elle lui répond : « Chez nous, on est premier ou on n’est rien ! » (p. 80). En effet, elle vit à Leipzig, en RDA. Elle est consciente que le fait de ne pas avoir eu la première place aura des conséquences sur ses privilèges et ses possibilités de déplacement. Elle décide de profiter de ses quelques jours d’escapade : elle ne sait pas si elle en aura d’autres. L‘amour du Français et de l’Allemande de l’Est est empêché par le rideau de fer. Frédéric et Léonore ignorent s’ils se reverront.
La pianiste est, également, compositrice. Hélas, sa sensibilité artistique ne correspond pas à celle imposée par les autorités de son pays. Frédéric refuse que son talent soit enterré. Il s’emploie à révéler les œuvres de celle qu’il n’oublie pas. Les deux amoureux espèrent que la liberté reprendra ses droits. Leurs rêves sont dangereux : la Stasi veille.
J’ai lu quelques romans au sujet du mur de Berlin. Je savais la souffrance des familles séparées, je connaissais la peur des dénonciations, la terreur de la Stasi et la coupure avec le monde occidental. Cependant, j’ignorais de nombreuses règles du régime totalitaire. J’ai été plongée dans un monde qui, à mes yeux d’Occidentale, née dans un pays libre, a semblé incohérent et terrifiant. Avec sensibilité, Martine Pilate décrit ce système, absolument machiavélique. Elle transmet le ressenti de ceux qui l’ont subi et j’ai alterné entre révolte et reconnaissance de vivre en démocratie.
Léonore est forcée de se plier aux règles, mais au fond d’elle, elle espère un changement. Entre résignation et prise de risques énormes, elle continue à rêver et à se préparer un avenir libre. Quand ? Elle ne le sait pas, mais elle l’anticipe, grâce à Frédéric. Elle m’a beaucoup touchée. L’écart entre ses désirs et ses possibilités est immense, mais elle s’engouffre dans chaque faille, avec courage. Hélas, le contrôle de la population est, particulièrement, rodé. Il est impossible de déjouer la surveillance de la Stasi ; elle s’infiltre dans tous les murs. J’ai, aussi, été émue par le dévouement de Frédéric. Avec altruisme, il s’évertue à faire rayonner la musique de Léonore. Malgré l’éloignement infranchissable, il aspire à tenir sa promesse. Enfin, l’histoire d’amour impossible entre les deux musiciens m’a remuée. J’ai eu un gros coup de cœur pour Le Voyage du fleuve.
Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.
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très émue par ce beau commentaire tout à fait encourageant. MERCI !!!
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