Un kibboutz en Corrèze, Jean-Luc Aubarbier

Un kibboutz en Corrèze

Jean-Luc Aubarbier

Editions Presses de la Cité

Collection Terres de France

Quatrième de couverture

Pour eux, ce petit village près de Brive est comme un bout de terre promise. Ils s’appellent Yohann, Magda, Haïm, Sarah… Ces jeunes Allemands, juifs, communistes, ont fui l’arrivée de Hitler au pouvoir. Après leur apprentissage à la ferme-école, ils partiront pour la Palestine. Tous ont le cœur à l’ouvrage, un enthousiasme à toute épreuve, mais en ces lieux marqués par la Première Guerre, l’accueil est pour le moins glacial.


Peu à peu, par leurs efforts conjugués, par leur bonne éducation, ils gagnent la sympathie des habitants. Seul le sous-préfet de Brive, fasciste dans l’âme, s’est juré de fermer le kibboutz. Et plus encore depuis que son fils Frédéric fréquente la jolie Sarah…

Un grand roman sur l’élan d’une jeunesse solidaire et engagée.
D’après des faits historiques au coeur du village de Nazareth, en Corrèze.

Mon avis

En 1933, après la nomination d’Hitler comme chancelier, de nombreux Juifs allemands ont fui l’Allemagne nazie. Le baron Robert de Rothschild et son ami Jacques Helbronner ont créé le Comité de secours. Ils ont, également, anticipé la réaction de la population française : cet afflux de réfugiés risquait d’attiser des tensions. Aussi, le baron a eu l’idée de financer un kibboutz, en France. Il a apporté l’argent et a confié la gestion au mouvement des Pionniers, des communistes, alors qu’il ne partageait pas leurs idées. Ces derniers étaient les candidats idéaux pour cette mission. Ils devaient, en quelques mois, former les exilés à l’agriculture, leur apprendre des rudiments d’hébreu et leur enseigner le maniement des armes, afin qu’ils puissent rejoindre la Palestine. Ce pays était, alors, géré par les Britanniques. Le kibboutz était situé à Nazareth… en Corrèze. Il a été le seul implanté sur le territoire français. Son nom était « Machar » , qui signifie « demain » en Hébreu, comme une promesse d’avenir.

Traumatisés par la Grande Guerre, les habitants ont, d’abord, été hostiles envers les jeunes Allemands. Ces derniers fuyaient Hitler, mais étaient perçus comme des envahisseurs : « des Juifs… allemands et communistes » (p. 20). De plus, les autochtones étaient choqués, car ils travaillaient le dimanche, les filles portaient des shorts et effectuaient le même travail que les garçons. Lorsque les exilés ont prouvé qu’ils s’auto-alimentaient et étaient travailleurs, leur installation a été mieux acceptée et des amitiés se sont même nouées. Hélas, certaines personnes, parmi lesquelles le sous-préfet, ont œuvré pour la disparition du kibboutz.

Les personnages sont imaginaires, même si certains sont inspirés de personnalités réelles, et l’intrigue est fondée sur les faits historiques que j’ai développés précédemment. Yohann, Magda, Haïm, Sarah, Sonja, Samuel, etc., sont des intellectuels (âgés de seize à vingt-deux ans) qui fuient l’horreur nazie ; inexpérimentés, mais volontaires, ils découvrent le travail de la terre. Thierry Montalembert, supporte mal leur proximité, alors que son fils a été tué par des Allemands. Frédéric, lui, le fils du sous-préfet, tombe amoureux de la belle Sarah alors que son père manœuvre contre le kibboutz.

Dans la première partie, l’auteur décrit le fonctionnement du kibboutz, le contexte historique, ainsi que les amours naissantes et les relations, avec les villageois, qui évoluent : de beaux élans d’humanité succèdent au rejet. Il explique, aussi, ce qu’implique la judéité. J’ai eu la sensation d’approcher la religion juive, à travers ses principes et sa philosophie. J’ai été très touchée par ces jeunes : forcés d’oublier leur vie d’avant, leur confort et, conscients que leur espoir de survie réside dans le travail, ils montrent énormément d’enthousiasme à la tâche. Huit cents jeunes ont bénéficié des enseignements de la ferme-école.

Quand la guerre est déclarée, certains des jeunes Allemands ont déjà rejoint la Palestine. Lorsque les formalités se durcissent, certains se marient pour pouvoir partir. Les derniers décident de rester en France et de rejoindre la Résistance. Leur engagement et leurs actions sont relatés dans la deuxième partie du roman. Jean-Luc Aubarbier dépeint la réalité de la Résistance, avec ses différents noyaux, mais aussi ses actes, tous courageux, mais certains ont des répercussions terribles sur la population, qui se divise. L’auteur relate aussi les combats des kibboutziks exilés en Palestine. Il évoque la collaboration avec les nazis de certains chefs musulmans et l’enrôlement forcé d’Azertis.

J’ai été captivée par ce roman consacré à des faits réels que je ne connaissais pas. J’ai été fascinée par ces jeunes qui, avec l’enthousiasme de la jeunesse, sont parvenus à se faire aimer de ceux qui les rejetaient. J’ai été bouleversée par leur courage et je les ai trouvés terriblement attachants. J’ai été exaltée par la richesse historique de ce livre : les évènements réels sont insérés dans la fiction et l’auteur les développe avec passion. Un kibboutz en Corrèze est une parfaite illustration de cette citation du Talmud : « Qui sauve une vie sauve l’humanité tout entière ». C’est un gros coup de cœur pour moi.

Je remercie sincèrement Marie-Jeanne et Clarisse pour ce service presse dédicacé.

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