La fièvre, Sébastien Spitzer

La fièvre

Sébastien Spitzer

Éditions Albin Michel

Quatrième de couverture

Memphis, juillet 1878. En pleine rue, pris d’un mal fulgurant, un homme s’écroule et meurt. Il est la première victime d’une étrange maladie, qui va faire des milliers de morts en quelques jours. 

Anne Cook tient la maison close la plus luxueuse de la ville et l’homme qui vient de mourir sortait de son établissement. Keathing dirige le journal local. Raciste, proche du Ku Klux Klan, il découvre la fièvre qui sème la terreur et le chaos dans Memphis. Raphael T. Brown est un ancien esclave, qui se bat depuis des années pour que ses habitants reconnaissent son statut d’homme libre. Quand les premiers pillards débarquent, c’est lui qui, le premier, va prendre les armes et défendre cette ville qui ne voulait pas de lui.

Trois personnages exceptionnels. Trois destins révélés par une même tragédie. 

Dans ce roman inspiré d’une histoire vraie, Sébastien Spitzer, prix Stanislas pour Ces rêves qu’on piétine, sonde l’âme humaine aux prises avec des circonstances extraordinaires. Par delà le bien et le mal, il interroge les fondements de la morale et du racisme, dévoilant de surprenants héros autant que d’insoupçonnables lâches.

Mon avis

Memphis, juillet 1878. Emmy a treize ans. Métisse, elle est la fille d’Emilia, une ancienne esclave, et de Billy Evans, un homme blanc. Dans une lettre, son père, sorti de prison, lui a promis de venir pour son anniversaire. Ce père qu’elle n’a jamais vu… l’adolescente imagine la personnalité de cet homme, à travers ce que sa mère lui raconte et ce que les voisins lui disent. Malheureusement, cette rencontre n’aura jamais lieu.

Billy est mort devant la maison close que tient Anne Cook. Il est le premier cas de fièvre jaune. En peu de temps, le mal se répand et les morts s’accumulent. Alertés par le journal dirigé par Keathing, un membre du Ku Klux Klan, les habitants de Memphis s’engouffrent dans les trains pour quitter la ville. Ils sont agglutinés, les uns sur les autres, dans les wagons. Parmi eux, certains ont déjà la langue noire, un des symptômes de la maladie. En pensant fuir, ils sont au plus près des contaminés. La mort les guette, aucune ville ne veut les accueillir.

Ils ne sont pas tous partis. Les pillards sont restés et sèment la terreur auprès de ceux qui n’ont pas quitté Memphis. La fièvre se produit dans un contexte de racisme. Le premier chapitre décrit une scène glaçante et un crime atroce, perpétré par des suprémacistes blancs. Raphael T. Brown, un ancien esclave, qui peine depuis des années, à faire accepter son statut d’homme libre, prend les armes pour défendre la ville, avec une abnégation admirable. Anne Cook, elle aussi, est restée. Au plus fort de la crise, elle se révèle être une femme exceptionnelle. Le journaliste est également présent. Il est celui que l’épidémie a fait le plus évoluer.

La fièvre continue à se propager, dans l’histoire, et dans les mains du lecteur, qui tourne frénétiquement les pages, pour connaître la suite, attaché aux protagonistes qui se dévoilent au fil des évènements. Alors que le fossoyeur agite sa clochette, en criant « sortez vos morts », certains se comportent en héros, d’autres en véritables lâches et le manque de charité provient, parfois, de personnes de qui on est en droit d’attendre une autre attitude.

Pour écrire ce récit, fondé sur des faits réels, l’auteur a effectué un travail de recherche et a vécu au plus près de ses personnages. Lorsque ce superbe roman a été achevé, un virus venu d’Asie a touché le monde entier. Il est vrai qu’il est impossible de le lire, sans penser à la crise sanitaire que nous vivons, cependant le contexte est différent.

J’avais lu Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer et j’avais été passionnée par l’histoire. Cependant, l’écriture m’avait tenue à distance, pendant la première partie du livre. Je n’avais pas réussi à avoir d’avis tranché. Avec La fièvre, mon sentiment est affirmé : dès les premières pages, j’ai accroché à l’intrigue et le style m’a séduite, car il m’a plongé au cœur de Memphis et fait ressentir les émotions des personnages, ainsi que la peur et les menaces sur la ville. J’ai adoré ce roman qui montre que les humains se révèlent dans les difficultés, que ce soit en bien ou en mal.

Je remercie sincèrement les Éditions Albin Michel pour ce service presse.

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Ces rêves qu’on piétine

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