Alias Janna, Milena Makarius

Alias Janna

Milena Makarius

Éditions Anne Carrière

Quatrième de couverture

Quand sa fille décide de faire un documentaire en quête de ses origines bulgares, Milena Makarius est loin d’imaginer à quel point cela va bouleverser sa vie. Elle découvre que jeune interprète, elle a été enregistrée à son insu comme agent « inventé ». Le film – Je vois rouge de Bojina Panayotova, sorti en salle en 2019 – exhume les ombres du communisme, provoquant une violente confrontation entre mère et fille : jusqu’où le passé des parents appartient-il également aux enfants ? Faut-il accepter de le rendre public ?

Milena Makarius nous livre, dans un récit littéraire implacable, sa vérité intime du conflit entre les générations et mène une réflexion sur la fiction communiste et ses fantômes, ainsi que sur la pente totalitaire que peut prendre l’art.

Mon avis

Les relations entre Milena et sa fille sont très tendues. Cependant, lorsque Bojina décide de réaliser un film sur la Bulgarie communiste, la mère est entraînée, malgré elle, dans ce projet. Elle comprend très vite que le dialogue n’est possible que par caméra interposée. Le livre Alias Janna semble être une façon de lui répondre. 

En effet, Bojina fait un procès de ses parents qu’elle accuse d’avoir bénéficié de privilèges de la part de la police secrète communiste. Pour appuyer ses opinions, elle pousse sa mère à demander l’ouverture de son dossier. Milena découvre alors qu’elle a été enregistrée, à son insu, comme agent au service de l’état, sous le nom de code Janna. Alors que le choc la pétrifie, sa fille filme tout, en caméra cachée, parfois, et refuse d’entendre qu’elle ne savait pas.

Alias Janna est la version de l’histoire de la mère. Elle livre sa vision de la Bulgarie avant la chute du mur, ainsi que son ressenti lorsque Bojina cherche à lui ouvrir les yeux. Cependant, la réalisatrice a une attitude totalitaire et accusatrice. Je n’ai pas vu son documentaire Je vois rouge, aussi il m’est difficile de dire si le sentiment de Milena est justifié, mais l’attitude de Bojina met mal à l’aise, elle est très vindicative et très dure. Elle refuse de croire sa mère et ne veut pas remettre les évènements, dans leur contexte et les juge avec le regard de notre époque.

Alias Janna est un témoignage romancé sur le totalitarisme bulgare et sur les relations mère-fille. Le dialogue semble rompu et Milena accepte, à son corps défendant, de revenir sur un passé qu’elle ne veut pas exhumer. Elle le fait avec l’espoir de renouer le dialogue avec son enfant. C’est passionnant et dérangeant, à la fois, car à la fin du livre, il m’est difficile de me faire une opinion tranchée sur le comportement de Bojina. J’ai envie d’espérer qu’elle n’a pas été si intolérante, qu’il s’agit juste d’incompréhension.

Je remercie sincèrement NetGalleyFrance et les Éditions Anne Carrière pour ce service presse.

3 commentaires

    1. Vous recevez les mails ?

      Oui, le sujet est intéressant, je suis souvent attirée par les livres se déroulant dans les pays de l’Est.

      Bonne journée à vous.

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