
Le dernier des Dulac
François Antelme
Éditions Slatkine & Cie
Quatrième de couverture
Île Maurice, fin des années 1920. La Seconde Guerre mondiale s’apprête à sonner le glas de la suprématie occidentale. Marc, le dernier fils des Dulac, voit le jour en 1928, dans la magnifique résidence familiale des hauts plateaux. Devenu jeune homme, persuadé qu’on lui a caché la vérité sur sa naissance, il ne parvient pas à trouver sa place au sein de son illustre famille. Abandonnant derrière lui l’existence dorée qui lui était promise sur l’île, sa quête le conduira à une longue errance en France. Mais trouve-t-on jamais la vérité ?
Formidable chronique d’une communauté et d’une époque révolue, Le Dernier des Dulac s’impose comme une saga inoubliable, mêlant avec brio l’intime et le politique.
Mon avis
En 1928, sur l’île Maurice, naît Marc Dulac. Le jour de sa naissance, une tragédie se produit, qui va influer toute sa vie, qui fera qu’il ne trouvera jamais vraiment sa place. La famille Dulac est très connue sur le territoire. Ils sont des blancs très puissants et riches.
Dans la première partie, un narrateur extérieur raconte l’histoire des Dulac, du point de vue du père, Eugène. Il décrit l’enfance de ses trois enfants et les relations qu’il entretient avec eux. Il dépeint le climat sur l’île : lutte des classes, racisme, contexte politique, la guerre qui sévit en Europe, etc. Dans la deuxième partie, c’est un journaliste parisien qui raconte. Une rencontre va bouleverser sa vie : lors d’une hospitalisation, en 1989, il fait la connaissance de Bob, un homme âgé qui l’intrigue. Alors qu’il part en voyage à l’Ile Maurice, le vieil homme lui demande un service.
Commençons par le plus important : c’est un coup de cœur. Ce roman est doux et puissant à la fois. La douceur s’exprime dans l’écriture et la force dans les faits et les sentiments dépeints.
Ce roman est l’histoire de Marc, mais elle n’est jamais contée par lui et il est rarement au premier plan. Les faits sont relatés par son entourage qui en tire ses propres conclusions. A nous de regrouper les différentes perceptions pour dresser un portrait de cet homme mystérieux et inadapté à son environnement familial. Ce sont ces différents traits de caractère qui composent la personnalité du cadet de la fratrie Dulac. Ce sont les éléments au sujet de ceux qui l’ont côtoyé qui nous renseignent le plus sur lui. Sa représentation psychologique est floue, il se cherche, il est en quête d’identité. C’est l’attachement que j’ai ressenti envers les autres personnages qui m’ont fait éprouver le plus de sentiments envers Marc, puisque, eux, l’ont aimé.
Beaucoup de secrets et de malentendus pèsent sur la famille Dulac. Elle subit aussi de nombreuses épreuves que François Anthelme indique avec une immense délicatesse. La lecture est douce et les événements sont durs. Les mots arrivent, sur la pointe des pieds, au niveau du cœur, et on prend conscience qu’on est ému, d’une manière paisible. De plus, le mystère entretenu nous enchaîne au texte. Il y a une envie de comprendre certains actes et de connaître leur issue. Doux et tendre, doux et dur, doux et intriguant, doux et tendu, on est toujours sur le fil. On se laisse guider par l’auteur qui déroule la pelote, sans nous brusquer, mais nous donne toujours plus envie de savoir.
L’histoire des Dulac est intégrée dans un contexte politique, social et géopolitique. Même si ce roman dépayse et fait rêver à un voyage à l’île Maurice, il dévoile également les côtés sombres. Et dans ces deux aspects, on ressent l’amour de l’auteur pour ce lieu paradisiaque.
Conclusion
J’ai eu un gros coup de cœur pour cette saga, qui mêle secrets de famille, malentendus, quête d’identité et choix de vie. Des portraits psychologiques, très poussés, tournent autour de celui très flou de Marc et qui, pourtant, permettent de se le représenter, avec notre propre sensibilité. C’est un livre qu’on lit avec le cœur.
Je remercie sincèrement Marion des Éditions Slatkine et Cie pour ce service presse et l’envoi de la carte postale dédicacée par l’auteur.