Rue de la Fontaine-Bleue, Jean-Paul Malaval

Rue de la Fontaine-Bleue

Jean-Paul Malaval

Éditions Calmann-Lévy 

Quatrième de couverture

Dans le secret d’une salle de rédaction, au lendemain de la Libération.

Alors que le paysage politique de Brive se recompose après la guerre, d’anciens résistants décident, pour servir leurs ambitions, de fonder un journal, rue de la Fontaine-Bleue. Ils en confient la direction à une femme, Rose Cipriani.

S’érigeant contre le rôle qu’on voudrait lui attribuer dans la guerre intestine qui se joue jusque dans les bureaux du quotidien pour la mairie de la ville, Rose parvient, envers et contre tout, à imposer sa voix. Mais tous doivent compter avec un héritage encombrant : Le Point du jour a été financé par un hold-up, réalisé par des résistants aux dernières heures des combats.

Et Rose est fragile. Malgré les années, elle n’arrive pas à oublier le seul homme qu’elle a jamais aimé, Adrien Strenquel, fusillé par la Gestapo. Hantée par ses souvenirs, elle se lance dans une enquête sur le passé d’Adrien, poursuivant un fantôme. Pourtant, elle aurait besoin de toute son énergie pour tenir à distance ses adversaires.

Mon avis

L’histoire se passe à Brive, après la guerre de 39-45. Les questions politiques animent la ville. D’anciens Résistants décident de lancer leur propre journal et de faire concurrence aux Nouvelles du Centre qui sert les ambitions du maire. Pour acquérir le local, les machines et payer les salaires, il faut de l’argent. Rose sait où en trouver : auprès de Saint-Assier, un résistant de la dernière heure, qui a participé au hold-up d’une banque avec deux autres hommes. L’argent a été remis au réseau, mais une rumeur dit que des lingots d’or n’ont jamais été donnés à la Résistance.

Rue de la Fontaine-Bleue est un livre troublant, car il revient sur des événements de la Libération que l’on a tendance à vouloir oublier. Il rappelle que certaines personnes ont été décorées malgré leur passé de Vichystes, car ils se sont engagés dans la Résistance, au dernier moment. L’auteur dénonce les exécutions de ceux qui ont été accusés de collaboration, après une justice expéditive. Parmi eux, se trouvaient des héros. L’époque a permis de régler des comptes. Jean-Paul Malaval évoque ces femmes qui ont été tondues, sans procès, parfois par ceux qui ont proches des Nazis. Il écorne cette liesse qui a suivi la fin de la guerre, en rappelant ce que l’on voudrait effacer. Ce roman montre également l’influence de la presse qui peut faire et défaire des carrières politiques.

Rose est à la tête du nouvel organe de presse : Le point du jour. Les hommes n’acceptent pas facilement d’être dirigés par une femme et lui mettent des bâtons dans les roues. Va-t-elle résister alors qu’elle est déjà fragilisée par une quête personnelle, hantée par ses souvenirs au sujet d’Adrien ? Leur rencontre a eu lieu pendant la guerre et c’est la mort du jeune homme qui les a séparés. Il a été fusillé par la Gestapo.

Certains personnages détestables ont eu des comportements exemplaires, d’autres de caractère plus agréable ont eu des attitudes litigieuses. Dans ce roman, il est difficile de placer un curseur au niveau de l’attachement, créant un va-et-vient émotionnel. Au milieu du roman, j’ai même relu des passages du début, car les sentiments que je ressentais pour un protagoniste ne correspondaient pas à ce que j’avais retenu à son sujet. Cela venait de l’ambiguïté de sa personnalité. Cette ambivalence provoque une réflexion sur le rôle de chacun pendant la guerre et après, lorsque la paix est revenue. Les hommes continuent à se déchirer.

J’ai beaucoup aimé Rue de la Fontaine-Bleue et je remercie Adeline des Éditions Calmann-Lévy pour ce service presse.

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