Je suis née à Bergen-Belsen, Yvonne Salamon avec Frédérique Agnès

Je suis née à Bergen-Belsen

Yvonne Salamon

Frédérique Agnès

Éditions Mon Poche

En 2019, lors d’un reportage au sujet d’une femme, sur le point d’accoucher, dans un camp de concentration, à qui on avait offert un morceau de chocolat, Frédérique Agnès a rencontré Yvonne Salamon. « La femme qui accouchait, c’était la mère d’Yvonne. Le bébé, c’était elle. » (p. 9) 

Âgée de soixante-quinze ans, Yvonne avait retranscrit l’histoire de sa mère, Hélène. Cette dernière s’était confiée à elle, en 1987. Elle n’avait pas pu tout lui dire, mais elle lui avait laissé des écrits. Frédérique Agnès lui a suggéré de faire entendre aussi sa voix : celle du bébé né dans un camp. Ce livre est un « dialogue imaginaire et reconstitué entre Hélène et Yvonne. Un dialogue entre une mère et sa fille, à jamais liées par un amour fusionnel. » (p. 10)

Hélène était une Juive polonaise, née en 1905. Elle est arrivée, en France, en 1924. Elle était sage-femme. En 1943, elle est entrée dans la Résistance. C’est la raison pour laquelle elle a été emprisonnée et torturée. Cette mère de deux enfants était enceinte de quatre mois quand elle a été déportée dans le camp de Bergen-Belsen. Jusqu’à la libération, elle est parvenue à cacher sa grossesse et la naissance de sa fille. C’est elle qui lui a permis de tenir dans l’enfer. Yvonne avait six mois lorsqu’elle a poussé son premier cri. Elle a attendu que sa maman et elle soient enfin libres.

Dans ce récit puissant, Hélène décrit son terrible destin. Yvonne le complète avec ses sentiments personnels, avec les répercussions sur sa vie et sur ses choix. Des éclairages historiques sont, également, insérés. A la fin du livre, un rapport rédigé, lors de la découverte du camp, est partagé. Il indique, par exemple, qu’au mois de mars 1945, 17 000 décès ont été recensés. Il répertorie les conditions de détention, en donnant des précisions sidérantes sur l’alimentation, l’hygiène, etc.

Les évènements sont un mélange de barbarie et d’humanité au cœur de l’enfer : un morceau de sucre et un de chocolat en sont l’illustration. L’amour maternel en est une image miraculeuse. Une rencontre entre Yvonne et une femme, qui était présente à sa naissance, est bouleversante. Francine Christophe avait onze ans et malgré son jeune âge, elle avait fait preuve d’altruisme. Certains passages décrivent l’inimaginable, d’autres racontent l’héroïsme. J’ai été ébranlée par ce témoignage poignant.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions Mon Poche pour sa confiance.

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