L’Ombre d’un secret, Virginie Saint-Martin

L’Ombre d’un secret

Virginie Saint-Martin

Éditions City

Jeune paysanne au caractère bien trempé, Alphonsine rêve de fuir la pauvreté de son village breton et son père alcoolique qui l’a élevée à la dure. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, elle débarque à Paris et se fait embaucher comme domestique auprès d’un couple d’intellectuels juifs.

Elle dispose désormais d’une charmante chambre sous les combles et, contrairement à la plupart des patronnes qui humilient leurs domestiques, la sienne fait preuve de respect et d’humanité. À son contact, Alphonsine découvre progressivement le féminisme et la liberté de penser. Jusqu’au jour où la guerre vient faire voler sa vie en éclats.

Une nuit tragique condamne Alphonsine à vivre dans le mensonge et la dissimulation permanente. Mais on est toujours rattrapé par le passé et, des décennies plus tard, les secrets de la guerre vont ressurgir et bouleverser la vie de plusieurs familles …

A dix ans, Alphonsine va peu à l’école et effectue des travaux physiques difficiles pour aider sa famille. Fille de paysans, elle accepte difficilement sa condition. En 1917, sa petite sœur Victorine décède et son père se noie dans l’alcool. Élevée durement, elle ne pense plus qu’à quitter sa Bretagne natale. Grâce au curé de son village, son désir se réalise. En novembre 1924, elle part à Paris où l’attendent ses nouveaux patrons. A son arrivée dans la capitale, elle observe son environnement avec curiosité. Elle exprime à haute voix sa surprise : elle n’a pas sa langue dans sa poche.

Elle est accueillie, avec bienveillance, par les Chemtov et guidée dans son nouvel emploi par Zofia, l’autre domestique. Cette dernière est adorable et est très attachée à ses employeurs. Très vite, Alphonsine en découvre les raisons. Les deux jeunes filles sont bien traitées : leurs patrons sont respectueux et d’une grande gentillesse. Au fil du temps, ces étrangers deviennent plus proches d’Alphonsine que les membres de sa famille. Hélas, la guerre chamboule cette existence paisible. Les restrictions apportent leur lot de malheur et un grand danger menace les Chemtov, car ils sont juifs. 

L’Ombre d’un secret retrace un siècle de la vie de personnages reliés les uns aux autres, pas seulement par les liens du sang. C’est aussi un pan de cent ans de notre histoire qui est développé : en particulier, celle de la France et de l’Allemagne. Alphonsine nous est présentée au moment de la Première Guerre mondiale, elle devient femme pendant les années folles, mais est confrontée à l’inhumanité pendant la Deuxième Guerre. Le récit décrit ensuite les combats pour les droits des femmes. Puis, il nous plonge en 1989, au cœur de la chute de Berlin. Il se termine en 2019.

J’ai aimé, intensément, Alphonsine et ceux qu’elle aime. J’ai détesté avec la même force, ceux qu’elle hait. J’ai aimé sa sincérité, sa générosité, sa force et j’ai été admirative de ses combats personnels et collectifs. J’ai été touchée par sa manière de rendre hommage à ceux qui l’ont quittée trop tôt. J’ai été meurtrie par ses terribles épreuves et j’ai été bouleversée par sa capacité à se reconstruire, sans perdre ses qualités de cœur, ni son caractère affirmé.

J’avais été attirée par la couverture de ce roman et par son résumé : je m’attendais à une saga romanesque pendant l’Occupation. J’ai été surprise de découvrir que la temporalité s’étalait sur une très grande période et que l’intrigue se consacrait à de nombreux pans de notre société. J’ai été captivée par la retranscription des évènements historiques. Les faits sont précis, jusque dans les détails. J’ai, par exemple, été révoltée par le traitement auquel étaient soumises les femmes qui faisaient une fausse couche, dans les années 1960. J’ai été fascinée par la richesse historique et sociologique de L’Ombre d’un secret. C’est un coup de cœur pour moi.

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