J’ai entendu le chant des morts, Jacques Mazeau

J’ai entendu le chant des morts

Jacques Mazeau

Éditions de l’Archipel

1996. À la mort de Gabriel, son père, ancien résistant, Pierre met la main sur le journal intime où celui-ci raconte, jour par jour, les événements dont il a été le témoin et l’acteur en août 1944, juste avant la libération de Forcalquier, en Haute-Provence.


Stupeur : il découvre que Jeanne, sa mère, qu’il croyait morte en couches, a été torturée et assassinée par des miliciens, juste après sa naissance.


Qui était vraiment Jeanne ? Qui furent les auteurs de cet acte abominable ? Qui en fut le commanditaire ? Quel rôle joua au juste Abel, le braconnier qui accompagna Gabriel dans sa quête des meurtriers ?


Questions auxquelles les écrits de Gabriel et les lettres de Jeanne, des années plus tard, apportent une réponse : la guerre, hélas, n’enfante pas de héros. Seulement des victimes…

1996. Le lendemain des obsèques de son père, auxquelles ont assisté des anciens résistants, Pierre pénètre, pour la première fois, dans une maison que possédait Gabriel. Il suppose que la bâtisse n’était qu’un refuge. « Connaissant ce dernier, je n’anticipe d’ailleurs pas un secret lourd et terrible. » (p. 9) Son père était simplement un « taiseux ». Il « avait été un des responsables du maquis du Contadour » de 1942 au Débarquement en Provence, mais il refusait d’en parler.

Pierre a préféré être seul pour se plonger dans les souvenirs paternels. Dans des malles, il découvre des jouets, du linge de maison, des photos, etc. Ainsi qu’il l’escomptait, il ne découvre aucun secret. Quand soudain, il découvre un cahier d’écolier, sur lequel son père a noté : 5 août-19 août 1944. Sur la page de garde, une dédicace est adressée à Pierre. 

Le récit de Gabriel débute le 5 août 1944. Il avait rejoint le maquis le 30 octobre 1943. Pour protéger Jeanne, son épouse, cela fait 9 mois qu’il ne l’a pas vue. Mais à l’approche du Débarquement en Provence, il lui rend une visite. Stupeur : elle n’est pas dans leur maison. Il apprend alors qu’elle a été torturée et assassinée. Le bébé qu’elle portait est vivant. Avant de mourir, elle a révélé les noms de ses tortionnaires à un ami. Gabriel est déterminé à les faire avouer et à les tuer.

Dans son journal, il relate sa traque, ses actions, ses sentiments et ses pensées. Il est accompagné d’Abel, un braconnier que le hasard a mis sur son chemin. Le rythme est haletant, car lui-même, en tant que maquisard, est une proie. Des pièges lui sont tendus, des faits lui sont cachés, des mensonges sont proférés. Forcé d’accorder sa confiance, il est trompé. Mais Jeanne doit être vengée, la France doit être libérée. J’ai été meurtrie par ses épreuves et bouleversée par son engagement. Des évènements m’ont interpellée, mais Gabriel ne les connaissait pas au moment des faits (il a raconté son histoire en 1947).

Le dernier quart du carnet est intitulé Livre de Jeanne. Elle relate de nombreux éléments que Gabriel ne possédait pas, lors de sa quête. Ses lettres éclairent les neuf mois précédant sa mort. Lors de leur lecture, le choc est immense. J’ai été, extrêmement, remuée par le vécu de cette femme menacée. Sa dernière missive livre sa vérité…

J’ai adoré J’ai entendu le chant des morts.

Je remercie sincèrement Mylène des Éditions de l’Archipel pour ce service presse.

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