L’Etoile du Rocail, Daniel Dupuy

L’Etoile du Rocail

Daniel Dupuy

Éditions de Borée

Collection Terres d’écriture

Dans les années 1970, Adam, employé de l’usine de fruits confits Notin, souhaite monter une fabrique d’anisette, apéritif alors en plein essor. Il peut compter sur le soutien de son père biologique, Celyan, qu’il a retrouvé depuis peu. Ce dernier est revenu à Apt pour faire la lumière sur la mort de sa femme survenue trente plus tôt, alors qu’elle appartenait à un réseau de Résistance. Le projet d’Adam offrira aux deux hommes l’occasion de se découvrir enfin.


Dans le même temps, Clémence, patronne d’Adam et maîtresse de Celyan, s’interroge sur la direction à donner à son entreprise : à l’heure où l’on glisse doucement de l’artisanat à l’industrie, elle devra se décider entre adhérer au conglomérat de sa ville ou demeurer indépendante.


Pour tous, l’heure des décisions personnelles et professionnelles, aux conséquences parfois dramatiques, a sonné.

En 2021, j’avais lu L’enfant de Lumières de Daniel Dupuy. Même si L’Etoile du Rocail peut se lire de manière indépendante puisque l’auteur rappelle les faits importants, je vous invite fortement à les lire dans l’ordre. Sans cela, il vous manquera des morceaux de l’histoire d’Adam, le protagoniste, des informations sur les liens qui unissent les personnages et sur l’évolution de chacun. Cela ne vous empêchera pas de comprendre, mais ce sera moins aisé et incomplet.

En 1967, Adam a vingt-cinq ans. Depuis sa démobilisation de la guerre d’Algérie, il a vécu plusieurs « coups de tonnerre » (p. 17). Le premier est la rencontre avec son père biologique, Celyan ; le deuxième est l’emménagement de Lisa. Il avait eu le coup de foudre pour elle, dans un bistrot de Tlemcem. Un jour, elle était sur le pas de sa porte, accompagnée de sa fille de trois ans : Joyce. Adam n’a pas hésité : l’enfant adopté a créé sa propre famille. Il est père, mari et fils. Et il chérit le souvenir du couple qui l’a élevé. Hélas, Lisa supporte très mal le racisme dont sa famille est la cible. La jeune fille rejette ses origines. Elle a honte de son nom. Une scène douloureuse m’a, particulièrement, émue. Les conséquences, également…

Celyan, lui, enquête sur la mort d’Angèle, la véritable mère de son fils. Elle appartenait à un réseau de résistance et est décédée en couches, dans des circonstances suspectes. Il est déterminé à faire la lumière sur cette tragédie, tant que les témoins de cette époque sont encore vivants. J’ai été émue par sa quête de vérité. Il veut, aussi, rattraper le temps perdu. Il est un grand soutien pour Adam. J’ai été touchée par leurs relations naissantes et pourtant évidentes.

Ce dernier a retrouvé sa place au sein de la confiserie Nottin. Comme dans le précédent tome, l’artisanat est au cœur du récit. Fernand Nottin avait refusé de rejoindre la Grande Fabrique, un regroupement d’entreprises. A-t-il eu raison de conserver son indépendance ? Il rêve d’accoler le nom d’Adam au sien, mais celui-ci a d‘autres projets. Il aimerait lancer une fabrique d’anisette, avec Bernard, son frère d’armes et concurrencer les entreprises Pernod et Ricard. En pleine ère industrielle et de fusion de sociétés, son ambition est-elle viable ? Avec passion, Daniel Dupuy décrit les différents métiers, les difficultés, les freins et les possibilités, mais aussi l’amour de la création.

Les personnages sont très attachants. La sincérité d’Adam me touche énormément, Fernand, derrière sa fausse naïveté, m’émeut, je suis admirative de sa femme, Clémence, une battante : elle est le pilier de la famille et du commerce. J’aime la personnalité exubérante de leur fille, le caractère posé de Celyan et l’innocence de la petite Joyce, etc. Les portraits sont ciselés et donnent une sensation d’appartenance à ce groupe hétéroclite.

J’ai adoré L’Etoile du Rocail.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.

L’enfant de Lumières

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