De l’inconvénient d’être russe, Diana Filippova

De l’inconvénient d’être russe

Diana Filippova

Éditions Albin Michel

Russe : un mot qui charrie son lot de fantômes, de mythes, de tourments.


Qu’y a-t-il à sauver ?


Dans ce récit d’émancipation, Diana Filippova dresse un portrait sans concession de la Russie contemporaine, et, comme en miroir, de la France et d’elle-même.


Naître dans l’illusion de la grandeur et porter la chute dans son corps, se révolter contre ses origines et s’y cogner sans cesse, chercher refuge en politique et le trouver dans l’écriture : Diana Filippova se met en quête d’une Russie qui n’a jamais existé, si ce n’est dans les romans et les terres d’exil.


C’est l’histoire d’une femme russe qui, depuis sa plus tendre enfance, a décidé de ne plus l’être. C’est l’histoire d’une écrivaine française qui renoue avec les merveilles et les vices d’un héritage vivant dans les livres comme dans sa vie.


Née en 1986 à Moscou, romancière et essayiste, Diana Filippova est notamment l’auteure de Technopouvoir (Les Liens qui Libèrent, 2019) et d’un premier roman, L’Amour et la Violence (Flammarion, 2021). Elle ranime ici le cadavre de la Russie des écrivains proscrits : une Russie métissée, humaniste et lucide.

Diana Filippova est née en 1986, en Russie. Elle est arrivée en France, à l’âge de huit ans. Le 24 décembre 1993, la famille s’installe à Vandœuvre-lès-Nancy, en banlieue nancéienne.

Dans cet ouvrage, elle affronte l’héritage de ses origines. Le déclencheur de l’écriture du livre a été la guerre en Ukraine. « Tout à coup, jusqu’à mon nom de famille, mon lieu de naissance, ma langue maternelle, la guerre me ramena à ce que je n’avais plus voulu être. » (p. 11) En effet, depuis toute petite, elle a souhaité éradiquer sa russéité, mais les autres (les enfants, les enseignants) le lui rappelaient. L’auteure précise que dans les années 1990, la Russie était perdue négativement. Elle exprime la honte qu’elle ressentait d’être russe.« C’est pour me laver de cette déconsidération de soi, que j’ai pris la décision de cesser d’être russe. » (p. 47)

De l’inconvénient d’être russe explore son histoire, l’immigration de sa famille, l’exil et la construction de son identité, sous le prisme de sa nationalité de naissance, qu’elle s’est toujours efforcée d’effacer. Une envie féroce d’assimilation a façonné sa personnalité. Régulièrement, elle conte des anecdotes de sa vie, qu’elle déplie ensuite à plus large échelle et transpose sur le vrai visage de la Russie. Elle indique que la littérature russe crée une vision imaginaire du pays. Elle s’applique à montrer la réalité de la civilisation russe, à travers la politique et le social. Son analyse permet d’approcher des raisons de la soumission et de l’endoctrinement de la population.

Diana Filippova part de l’intime pour embrasser le général et proposer sa perception de son pays natal, contre lequel elle se révolte. Les parts de son existence sont empreintes de sa vérité et d’authenticité. J’ai été amusée de reconnaître des lieux que je connais bien. Sans être nommés, leur description ne prête pas à confusion, pour les personnes qui ont vécu à Nancy. L’introspection est poussée, elle demande de l’attention, cependant, elle propose une perspective intéressante de l’attitude du peuple russe et de son refus de l’altérité. Elle montre la difficulté de l’auteure à accepter sa russéité et son combat intrinsèque. C’est un livre instructif et éclairant.

Je remercie sincèrement Adeline des Éditions Albin Michel pour ce service presse

4 commentaires

  1. J’imagine qu’il fait partie des romans de la rentrée littéraire ? Je ne l’avais pas repéré, merci pour ton retour ! Je ne sais pas quand j’aurais l’occasion de le lire mais j’espère bien le lire un de ces jours, je suis curieuse de le découvrir par moi-même.

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