Les fleurs du sérail – Héloïse, Elisa Sebbel

Les fleurs du sérail

Héloïse

Elisa Sebbel

Éditions Jeanne & Juliette

Quatrième de couverture

Une plongée étourdissante dans l’intime des harems entre sororité, rivalité et opulence.

1810. Après son naufrage sur les côtes d’Afrique du Nord, Héloïse, une vivandière de l’armée napoléonienne, se retrouve enfermée dans le harem du dey d’Alger. Arrachée à Louis, son compagnon, la jeune fille est contrainte de devenir Alev, une concubine parmi d’autres.
Forcée d’adopter une nouvelle identité, une nouvelle langue, une nouvelle religion, isolée dans cette enceinte où vit une communauté de femmes aussi soudées que rivales, elle tentera de survivre en oubliant qui elle est. Dans ce monde d’intrigues, un seul pas de côté et tout bascule…

Mon avis

Les fleurs du sérail est la suite de La Prisonnière de la mer. Cependant, les deux livres peuvent se lire de manière indépendante. En effet, dans ce nouvel opus, l’héroïne, Héloïse confie ses pensées sur son passé, sur sa captivité sur l’île de Cabrera. En 1809, après la défaite des troupes napoléoniennes, 5 000 soldats furent déportés, par les Espagnols, sur cette île hostile. Parmi eux, vingt et une femmes. Héloïse était l’une d’elles. Quatre ans séparent mes lectures des deux tomes, aussi, j’ai apprécié les rappels.

Alger, le 2 novembre 1810. Héloïse et son compagnon, Louis, sont enfin libres. Avec d’autres prisonniers de Cabrera, ils sont parvenus à s’échapper de leur geôle à ciel ouvert en construisant une chaloupe. « Survivre à Cabrera, survivre à l’enfer sur terre. » (p. 17) Après cinq jours de traversée, ils accostent une terre inconnue. Héloïse se demande quel accueil leur sera réservé ? « Barbarie ou hospitalité ? » (p. 18) Escortés par des indigènes, ils rejoignent une cité. Sur un bâtiment, Louis reconnaît le symbole de l’Empire ottoman. Ils atteignent, ensuite, une forteresse dans laquelle des gardes les forcent à pénétrer.

Ils sont alors reçus par le pacha. Louis lui décrit leur situation et lui demande son aide. Le dey accorde sa protection aux hommes et promet d’organiser leur rapatriement, mais ordonne qu’Héloïse intègre le harem. La jeune femme est arrachée à son compagnon. Elle est renommée Alev et devient une concubine du sultan. Elle est guidée dans son apprentissage par Leïla, qui devient son amie. Dans cette communauté féminine, dans laquelle règnent la solidarité et les rivalités, Héloïse est forcée de se plier aux règles, mais ne rêve que de s’enfuir. Elle est révoltée par la soumission imposée aux femmes. Pourtant, elle comprend le désir de certaines d’être la favorite du dey : c’est la seule manière d’exister qu’elles connaissent et qui leur est accessible. Dans sa prison luxueuse, Héloïse, elle, n’aspire qu’à la liberté.

Elisa Sebbel dépeint la vie du harem, à Alger, au XIXe siècle. Malgré son jeune âge, son héroïne a déjà connu plusieurs vies, aussi, sa perception est complète, sincère, objective et aiguisée. Héloïse décrit les parfums, les lieux, les saveurs, les sensations, l’atmosphère intimiste et, cependant effervescente de jalousie et de sororité, etc. Elle montre la soumission apparente, opposée à la révolte intérieure, l’espérance couplée au désespoir. Elle exprime sa compassion envers les maîtresses du pacha et les esclaves. Alors qu’elle affûte ses armes (celles de l’esprit), elle veille à protéger ses consœurs. Elle sait que ses actes peuvent rejaillir, dramatiquement, sur elles. Son récit est empreint de compréhension et de résistance, de douceur et de flamme. Ses confidences semblent susurrées à notre oreille, dans le secret des alcôves. Il est dangereux pour elle de parler, mais elle nous offre sa confiance. Cette narration intimiste nous la rend plus proche.

J’avais eu un coup de cœur pour La prisonnière de la mer. Il est encore plus grand pour Les fleurs du Sérail.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions Jeanne & Juliette pour ce service presse.

De la même auteure

La prisonnière de la mer

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