Le gardien de Téhéran, Stéphanie Perez

Le gardien de Téhéran

Stéphanie Perez

Éditions Plon

Quatrième de couverture

Printemps 1979, Téhéran.

Alors que la Révolution islamique met les rues de la capitale iranienne à feu et à sang, les Mollahs brûlent tout ce qui représente le modèle occidental vanté par Mohammad Reza Pahlavi, le Chah déchu, désormais en exil.


Seul dans les sous-sols du musée d’Art moderne de Téhéran, son gardien Cyrus Farzadi tremble pour ses toiles. Au milieu du chaos, il raconte la splendeur et la décadence de son pays à travers le destin incroyable de son musée, le préféré de Farah Diba, l’Impératrice des arts. Près de 300 tableaux de maîtres avaient permis aux Iraniens de découvrir les chefs d’œuvre impressionnistes de Monet, Gauguin, Toulouse-Lautrec, le pop art d’Andy Warhol et de Roy Lichtenstein, le cubisme de Picasso ou encore l’art abstrait de Jackson Pollock. Mais que deviendront ces joyaux que les religieux jugent anti islamiques ?

Face à l’obscurantisme, Cyrus endosse, à 25 ans à peine, les habits un peu grands de gardien d’un trésor à protéger contre l’ignorance et la morale islamique.

Mon avis

A la fin des années 1970, l’Iran se tourne vers l’Amérique : Rocky est projeté au cinéma, les bars servent du Pepsi, les discothèques fleurissent, etc. Dans un taxi collectif, sont assises l’une à côté de l’autre, une adolescente en mini-short et une vieille dame voilée, reflétant les contradictions de la capitale. Les mosquées succèdent aux débits de boissons branchés, le muezzin se mêle aux voix des chanteurs pop. Téhéran est en effervescence.

L’empereur Mohammad Rena Pahlavi, le chah, est fier de la direction qu’il impose à l’Iran : celle de la modernité. Cependant, cette vitrine cache la réalité « la répression exercée par les hommes du chah, la censure, les excès de la Cour, les scandaleux écarts de richesse dans la population » (p. 45), les tortures exercées par la Savak, etc. La dictature ne dit pas son nom, mais s’exerce sur le peuple. Les bidonvilles sont cachés, seule l’opulence s’expose. Aussi, des mouvements clandestins de contestation naissent.

En 1977, l’impératrice Farah Diba rêve d’un grand projet : un musée d’Art contemporain à Téhéran. En secret, elle a acheté des grandes œuvres occidentales, telles que Marilyn Monroe d’Andy Warhol, Nature morte à l’estampe japonaise de Paul Gauguin, Gabrielle à la chemise ouverte de Pierre-Auguste Renoir. Aujourd’hui, ces trésors sont toujours en Iran.

Trois mois avant l’ouverture, Cyrus Farzadi est embauché comme chauffeur. Il est chargé de convoyer les tableaux. Même s’il n’a pas les connaissances pour interpréter les œuvres, sa rencontre avec l’Art le bouleverse. Aussi, lorsque la Révolution islamique s’empare du pays, Cyrus décide de rester. Il devient le gardien du musée. Malgré sa personnalité timide, il se bat pour sauver les toiles, pourtant jugées décadentes par la loi islamique. Il lutte pour empêcher leur destruction.

Je connaissais peu l’Histoire de ce pays. Pour moi, l’Iran, c’étaient les souvenirs du journal télévisé qui s’ouvrait, dans mon enfance, avec la guerre entre l’Iran et l’Irak. C’était, aussi, l’admiration que j’éprouve pour les femmes iraniennes, qui protestent contre le régime, et pour les hommes qui les soutiennent. C’était le respect profond que j’éprouve pour leur courage et une révolte pour leurs souffrances.

Avec Le gardien de Téhéran, j’ai découvert un peuple qui s’était déjà soulevé en 1977 contre la dictature du Chah et contre la pauvreté. Un peuple qui a cru aux promesses des Mollahs et à celles de Khomeini, alors exilé en France ; des hommes et des femmes qui ont pensé pouvoir contrer la loi islamique, une fois le pouvoir renversé. Mais c’est un voile qui a recouvert les cheveux et les libertés qui commençaient à émerger. Le mal a remplacé le mal.

Ce récit est captivant. Il m’a montré le peu de connaissances que je possédais sur l’Iran. Stéphanie Perez déroule, avec émotion et sensibilité, le passé douloureux qui se perpétue dans le présent. Enrichie par ces informations, je me suis interrogée sur différents évènements du monde actuel. Ce livre m’a apporté un éclairage qui me manquait pour les comprendre. Il m’a fait beaucoup réfléchir au sujet des insurrections, partout dans le monde, souvent légitimes, mais souvent récupérées. Les Iraniens ont été dépossédés de leurs rêves. Une tyrannie religieuse a remplacé une dictature politique. J’ai été bouleversée par ce roman. C’est un coup de cœur pour moi.

Je remercie sincèrement Constance des Éditions Plon pour ce service presse dédicacé.

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