La vérité qu’elle mérite, Sophie Muffat-Méridol

La vérité qu’elle mérite

Sophie Muffat-Méridol

Editions Calmann-Lévy

Collection Territoires

Quatrième de couverture

Combat pour une juste cause dans les ténèbres de la Ville des Lumières


Marie Beauchamps, capitaine de police à Lyon, a tout perdu à cause d’un accident inexplicable en opération : l’homme qu’elle aimait, la confiance en son corps irrémédiablement blessé, la foi dans son métier.


Elle fait preuve d’une telle incurie que sa hiérarchie en vient à lancer contre elle une procédure de révocation.


Bon prince, son supérieur lui confie une dernière affaire avant son départ : à Villeurbanne, dans la cité du Tonkin, on a retrouvé le corps tronqué d’une femme dans une valise.


Alors qu’elle est bien décidée à bâcler l’enquête, Marie se voit encombrée de deux témoins à protéger : un chien-loup qui pourrait avoir eu l’assassin pour maître et un gamin du Tonkin qui en sait plus qu’il ne faudrait.


Malgré elle, la voilà entraînée dans une chasse à l’homme qui la conduira des terrains vagues de la banlieue aux salons feutrés des beaux quartiers…

Mon avis

A la suite d’un accident, le Capitaine de Police Marie Beauchamps a tout perdu : son pied, l’homme qu’elle aimait, sa confiance en elle, sa conscience professionnelle, ses espoirs de bonheur, ses capacités à rebondir, etc. L’alcool est devenu sa béquille. Elle ne respecte plus ses horaires de travail et finit par détruire ce qui lui reste : elle apprend sa révocation, prévue dans un mois. 

Son chef lui confie alors une dernière affaire : « Un flic devrait se retirer sur une dernière enquête. Une manière de lui épargner le vide. » (p. 42) « Pour que tu partes avec décence. » (p. 41) Un cadavre d’une jeune fille a été retrouvé dans une valise. Le bas de son corps a disparu, ainsi que ses avant-bras : il est impossible de relever ses empreintes. A bout de forces mentales, Marie n’a pas l’intention de jeter ses dernières dans des investigations. 

Pourtant, sa rencontre avec le médecin-légiste allume une petite étincelle. Elle le voit pour la première fois, car depuis trois ans, celle qui est surnommée « la Maraudeuse » néglige ses dossiers. Avant, elle était la meilleure. A contre-cœur, elle se rend au Tonkin, où le bagage a été découvert. Un gamin et un chien-loup semblent l’adopter, la forçant à un minimum de recherches.

Le premier chapitre nous présente Marie Beauchamps, dans son plus mauvais jour. Dans un parc, elle a un comportement exécrable. J’étais outrée par sa méchanceté et son aigreur. Puis, au fil des pages, j’ai été abasourdie par sa dérive. Pourtant, son humour noir, sa causticité et sa colère me donnaient envie de comprendre sa souffrance ; ses fulgurances d’humanité attisaient mon désir de la rattraper avant qu’elle ne se noie dans son amertume. Ses failles et son mauvais caractère sont devenus les raisons de mon attachement à elle. J’ai beaucoup aimé le ton du récit : dynamique, ironique et pourtant sensible. J’ai, aussi, été épatée par l’intelligence de Marie et par son esprit de déduction. Enfin, les réminiscences de sa véritable personnalité aiguisaient mon empathie.

Auprès de ses protégés, Marie est forcée de combattre ses démons. Elle est obligée de s’investir dans l’enquête. De l’île aux chiens aux bas-quartiers, en passant par une Académie de billard, les anciennes compétences de la policière semblent émerger, sous sa couche de protection intime. Nous devinons quelle professionnelle elle était, avant sa chute physique, personnelle et professionnelle. Quel gâchis ! Sa pugnacité est proche de rejaillir, quand elle perçoit que son affaire est la face visible de l’iceberg. Cédera-t-elle, une fois encore, à la facilité et à la négligence ? Acceptera-t-elle de sonder sa propre vérité pour enfin renaître ?

J’ai adoré La vérité qu’elle mérite.

Je remercie sincèrement Doriane des Éditions Calmann-Lévy pour ce service presse.

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