Les malvenus, Audrey Brière

Les malvenus

Audrey Brière

Éditions Seuil

Quatrième de couverture

1917. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, un homme est retrouvé mort dans une cave du village de Haut-de-Cœur, en Bourgogne. Pas mort d’un excès de froid, de faim ou de vin, comme d’autres, mais proprement égorgé.


Ici, bon nombre des habitants ont grandi sans autre père et mère que les religieuses du majestueux couvent des Ursulines. C’est le cas de l’inspecteur de police Matthias Lavau : recueilli tout petit par le couvent, il est parti faire ses armes à Paris et à Lyon avant de finalement rentrer au bercail. Son talent ? Il se souvient de tout, tout le temps. Une mémoire parfois lourde à supporter, mais dans ses enquêtes, un atout précieux.


La victime est aussi un ancien des Ursulines : Thomas Sorel, bien connu des les alentours, et presque unanimement détesté… C’est le bras armé du très redouté maire. Beaucoup ont souhaité sa mort, pour des raisons valables, le plus souvent.


Dans l’atmosphère crépusculaire de l’hiver interminable qui s’est abattu sur la région, Matthias et son assistante Esther vont devoir démêler les racines du Mal, entrelacées depuis des décennies et profondément plantées dans les passions, les vices et les secrets de Haut-de-Cœur.

Mon avis

1917. Un matin, à cinq heures, une vieille femme, Léonie, se rend discrètement dans sa cave, située à plusieurs ruelles de sa maison. En raison des restrictions, personne ne doit savoir qu’elle cache de la nourriture. Elle constate que le cadenas de son local est ouvert et accuse son étourderie. Une terrible odeur l’accueille et elle bute sur un obstacle : le corps de T.S Sorel. Il a été égorgé.

Comme beaucoup d’habitants de Haut-de-Cœur, elle se réjouit de ce décès. Matthias Lavau est chargé de l’enquête. Formé à Paris, puis à Lyon, son principal atout est sa mémoire : il connaît, par cœur, des milliers de fiches répertoriées grâce à l’anthropométrie judiciaire. Lui aussi détestait le défunt, avec qui il a grandi à l’orphelinat. T.S. avait peu d’amis. Il était haï par une grande partie des villageois : les suspects sont nombreux. Dans ses investigations, l’inspecteur est secondé par l’énigmatique Esther Louve. Sur son corps, cette dernière porte les stigmates d’un passé douloureux, qu’elle s’évertue à camoufler. Son histoire semble lourde et, parfois, irrationnelle dans sa manière de l’évoquer.

L’assassinat de T.S. fait remonter de nombreux secrets dont beaucoup semblent avoir pour origine un couvent mystérieux. En effet, nombreux sont les habitants à y avoir été élevés et peu d’entre eux ont pu s’en éloigner. Le lien qui les unit au lieu de leur enfance semble indéfectible. Les évènements présents sont une extension des tentacules du passé.

Différentes ambiances se mélangent dans ce roman noir. Il contient une part qui s’approche du fantastique, du suspense et, à travers la naissance de l’anthropométrie judiciaire, de la criminologie. Matthias a été formé par le créateur de la méthode : Alphonse Bertillon. Hélas, il m’a manqué la part historique que j’attendais : la quatrième de couverture indique que les faits se déroulent pendant la Première Guerre mondiale. Or, peu d’éléments permettent de le confirmer. J’ai eu l’impression de lire une histoire du Moyen Âge, transposée au début du XXe siècle.

De plus, même si le mystère est plaisant, je n’ai ressenti aucune adrénaline. Pour moi, il y avait trop d’intrigues mêlées et je ne m’attardais sur aucune. Tous les personnages sont torturés, mais tous ont des choses à se reprocher. Aussi, je ne me suis attachée à aucun, alors que j’aurais aimé, en raison de leurs épreuves, éprouver de l’empathie. Enfin, la première partie m’a paru lente. Heureusement, elle est rattrapée par la deuxième dans laquelle le rythme s’accélère. Malgré ces éléments qui m’ont manqué, le livre est agréable à lire, mais mon sentiment final est mitigé.

Je remercie sincèrement les Éditions Seuil et Babelio pour cette masse critique privilégiée.

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