Une vie de château, Madeleine Mansiet-Berthaud

Une vie de château

Madeleine Mansiet-Berthaud

Editions Presses de la Cité

Collection Terres de France

Quatrième de couverture

Une autre vie…
Loin de la chèvrerie, des jours sans joie et monotones. Loin de celui qui les tourmente… Estelle et Céline, mère et fille, si proches, aspirent à de nouveaux lendemains.
Un jour de 1943, après un accès de violence paternelle de trop, Céline fugue. Au bout d’une course folle entre vignes et champs de sa terre girondine, l’adolescente découvre un château magnifique. Un vertige la saisit. Serait-ce le rêve de sa mère qui se matérialise ? Hélas… ce lieu n’est autre que l’Ecole de préservation pour les jeunes filles de Cadillac. Une ancienne prison devenue une école à la discipline de fer où Céline va vivre plusieurs années. Séparée de sa mère tant aimée, rendue inconsolable par son absence. Et par des secrets enfouis depuis trop longtemps…
 
Initiation, révélations, destins contrariés… Un beau roman au cœur des ombres d’une famille et d’un site patrimonial, le château de Cadillac.

Mon avis

Estelle, la mère de Céline, est tendre et aimante, alors que son père, Simon, est rustre et violent. Une nuit de 1943, après une punition terrible qui aurait pu se terminer en drame, l’adolescente, âgée de treize ans, fugue et se perd. Trempée et fiévreuse, elle est découverte au milieu d’une vigne et emmenée dans un château, celui de Cadillac, près de Bordeaux. Elle pense à sa maman qui lui a prédit une vie de châtelaine, quand elle sera grande. « Était-ce le rêve de sa mère qui se matérialisait ? » (p. 37) Cette forteresse était une prison pour femmes au siècle dernier, avant de devenir une pension pour jeunes filles. Lorsque Estelle apprend où est sa fille, il est trop tard : Simon a signé « une décharge de responsabilité parentale pour confier Céline à cette institution » (p. 64).

La petite est forcée de rester jusqu’à sa majorité (fixée à vingt et un ans, à l’époque) à l’Ecole de préservation. C’est un établissement très strict, dont la mission est d’instruire et de remettre dans le droit chemin les « mauvaises filles ». En réalité, ce sont surtout des malheureuses qui n’ont connu que « la misère, la violence, le vol, la prostitution… le crime » (p. 126). Elles sont âgées de neuf à vingt et un ans. Au début, Céline est prête à supporter l’enfermement, elle pense que cette situation peut lui être bénéfique, en attendant de devenir indépendante et de retrouver sa mère. Elle déchante rapidement : la qualité de l’enseignement n’est pas celle qu’elle escomptait, la discipline est très dure, les repas sont frugaux, le confort est absent, les travaux ménagers et ceux des vendanges sont épuisants, les punitions sont injustes et inhumaines. Cette institution, qui a mauvaise réputation dans la région, est une maison de redressement.

Céline se retrouve face à elle-même. L’isolement la plonge dans ses souvenirs. Elle comprend que des secrets entourent le mariage de ses parents. Elle exige des réponses, ce qui plonge Estelle dans un véritable désarroi. Mère et fille arriveront-elles à surmonter cet éloignement et à libérer le passé ?

L’univers que décrit Madeleine Mansiet-Berthaud est sombre, en raison des conditions de vie de ces enfants et adolescentes qui ont eu la malchance de naître au mauvais endroit. Elle décrit les chambres qui sont des cellules isolées, que les pensionnaires appellent « cages à poules » ; elles mesurent deux mètres sur un mètre cinquante et sont meublées sommairement. Elle relate les cachots, le manque d’hygiène, les repas constitués d’un « infâme brouet », le manque d’instruction, l’enfermement, l’injustice, etc, au nom de l’Etat. Au sein des splendeurs du château, la noirceur et le malheur règnent. Le plus glaçant est que ces écoles ont réellement existé, beaucoup de jeunes filles ont connu cette existence de prisonnières, sous prétexte de les éduquer. J’ai été meurtrie par ces vies gâchées.

Je peux témoigner que la vie est faite de belles rencontres qui donnent la force de changer le destin. Céline a la capacité de saisir les opportunités, les mains tendues et de transformer les épreuves en force. Son histoire est passionnante, car c’est une adolescente qui sait rebondir. Cependant, ses possibilités sont limitées, en raison de ce papier signé de la main de son père, cet homme qui n’a pas hésité à mettre en garde les autorités au sujet du comportement de sa fille. Quel avenir l’attend ? Est-il possible de réaliser ses rêves après un tel départ dans la vie ?

J’ai adoré Une vie de château. Ce roman décrit des drames, des conditions de vie effroyables, pourtant la personnalité de Céline l’éclaire d’espoir. Je me suis énormément attachée à l’adolescente. Même lorsque certains de ses actes m’ont attristée, j’ai compris ses raisons. J’ai, également, été intriguée par les secrets de sa famille et comme elle, j’ai souhaité leur révélation. J’ai, aussi, été touchée par Estelle, cette mère démunie face à la souffrance de sa fille, mais qui tente de maintenir le lien, par tous les moyens à sa portée.

Je remercie sincèrement Marie-Jeanne et Clarisse des Éditions Presses de la Cité pour ce service presse.

Vidéo de l’Ecole de la préservation

L’Ecole de préservation de Cadillac

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