La Forêt des violons, Philippe Lemaire

La Forêt des violons

Philippe Lemaire

Éditions de Borée

Quatrième de couverture

Février 1917, St Petersbourg. La famille Malinovski vit richement de ses plantations de thé et de sa fabrique de samovars, indifférente aux événements qui agitent la capitale. Mais bientôt, la Révolution s’intensifie, et ils n’ont d’autre choix que la fuite. Après un long et dangereux voyage, ils atteignent enfin Nice : la famille est réunie, mais ruinée. Ensemble, ils vont pourtant s’inventer un nouveau destin. Kostia, le fils cadet, trouve un poste de livreur dans une fabrique de chocolat, où il rencontrera Marie-José… Quant à Elena, sa soeur, c’est une nouvelle fois sa passion pour le violon qui la sauvera…

Mon avis

Février 1917, en Russie. Il fait froid et la famille Malinowski peine à se procurer du bois pour chauffer sa demeure. Ce sont pourtant de riches bourgeois de Tchoudovo. Mais la révolution a commencé. Leur usine de samovars est réquisitionnée par les bolchéviks et Nikolaï Alexzandrovitch est rétrogradé à des tâches subalternes. Son épouse Adélaïde, de santé fragile, vit très mal les restrictions et les menaces envers les « blancs » de Russie. Leur fille, Elena, est une virtuose du violon, destinée à une belle carrière, si les évènements politiques le lui permettent. Un de leurs fils, Kostia, est cadet dans l’armée du tsar. L’agitation ne s’est encore pas propagée à Moscou, aussi, il est déboussolé lorsqu’il arrive dans sa ville natale. Il a obtenu une permission pour l’anniversaire de sa sœur. Son aîné Sacha Leonid, gère la plantation de thé. Lorsque la révolution s’intensifie, la famille est obligée de fuir.

Philippe Lemaire décrit de quelle manière chacun d’entre eux a vécu la révolution et quelle échappatoire, chacun a cherchée pour tenir. Mais la folie s’est emparée de la rue, aucune attitude n’est synonyme de sécurité. Les soldats tentent de sauvegarder l’ancien système et les bolcheviks veulent imposer la vision communiste.  En réalité, les actes de sabordage et les crimes se multiplient, les grèves bloquent le pays, les arrestations ainsi que les exécutions sommaires sont nombreuses et le danger vient des deux camps. Philippe Lemaire dépeint la violence qui a envahi le pays. Certains ont peur, d’autres sont poussés par le souffle de l’espoir du changement, mais en réalité nombreux sont ceux qui souffrent. Dans ce roman documenté, des faits historiques sont relatés, avec l’apparition de personnalités réelles, telles que Martov et Lénine.

Au milieu de ces scènes d’insurrection, les notes jouées par Elena s’envolent. Elles expriment l’espérance et l’effroi, la joie et la souffrance. Son instrument est le symbole de ce que vit la famille. Elle ne joue pas toujours avec le même violon et celui qui vibre sous ses mains représente ce que traversent les Malinowski, dans leur maison ou durant leur exil. Il est parfois synonyme de perte de privilèges, à d’autres moments, il signifie le renouveau, etc. 

Des passages m’ont énormément émue. J’ai été remuée lorsque Elena prend conscience que la pratique de son art dépend, essentiellement, des hommes. J’ai été bouleversée par le destin d’un professeur d’histoire et par sa femme, elle-même professeur de français et qui se sait en danger parce qu’elle enseigne Voltaire et Diderot à ses élèves. Des actes antisémites m’ont glacée. Cependant, il y a des moments pleins de beauté. J’ai été, particulièrement, touchée par l’explication du titre. Enfin, comme un effet miroir, les scènes noires ont souvent leur pendant lumineux. J’ai adoré La Forêt des violons.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.

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