La commode aux tiroirs de couleurs, Olivia Ruiz

La commode aux tiroirs de couleurs

Olivia Ruiz

Éditions JC Lattès

Quatrième de couverture

À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.

La commode aux tiroirs de couleurs signe l’entrée en littérature d’Olivia Ruiz, conteuse hors pair, qui entremêle tragédies  familiales et tourments de l’Histoire pour nous offrir une fresque romanesque flamboyante sur l’exil.

Mon avis

« On a poussé tous les meubles et dansé toute la nuit dans un bain de larmes avec Papi, ça nous a fait du bien. » La grand-mère de la narratrice, son abuela adorée, vient de mourir. Il y avait beaucoup de monde aux obsèques, des personnes que la famille ne connaissait pas. Elle est partie avec ses secrets. En fait, ce n’est pas exact, puisqu’elle a légué, à sa petite fille, la commode aux tiroirs de couleur, ce meuble qui l’a toujours intriguée. A l’intérieur, des souvenirs et des lettres, dans lesquelles, Rita se livre. La narratrice met un vinyle d’Ennio Morricone et se plonge dans le passé familial.

Rita avait dix ans, lorsqu’elle est arrivée en France, sa sœur Leonor avait seize ans et Carmen, la plus petite, avait six ans. Elles étaient seules, dans un pays inconnu. Leurs parents ne sont pas venus avec elles, mais ils ont voulu les mettre à l’abri du franquisme. Rita révèle le premier secret…

L’Espagne et l’amour de la patrie la rattrapent, sous les traits de Rafael. Le deuxième secret est révélé. Toute la nuit, la narratrice découvre les drames et les bonheurs que sa grand-mère a vécus. Elle y lit l’exil, la volonté de s’intégrer et le rejet de la part des Français. Elle apprend de quelle manière, le franquisme a eu des conséquences dramatiques pour son abuela, même loin de l’Espagne.

Mais surtout, sa grand-mère lui dépeint les portraits des femmes de la famille : des figures féminines fortes, qui ont caché des événements pour protéger leurs proches. Elles ont vécu une vie de fille, de femme, de mère et d’amante. Elles sont vraies et sincères. La narratrice est elles toutes. Elle porte en elle leurs combats et leurs joies, leurs certitudes et leurs doutes, leurs erreurs et leurs réussites. Elle est issue de cette double culture. Elle possède leur force et leur tempérament.

J’ai été tellement immergée dans ce roman, que j’ai cru que tout était réel. Olivia Ruiz a un talent de conteuse extraordinaire. On ressent que l’histoire a été modifiée sur certains points, mais que l‘âme de son abuela en compose l’essence. Ce cri d’amour pour sa grand-mère laisse imaginer la place que tient cette dernière, dans le cœur de l’auteure. J’ai été très touchée par La commode aux tiroirs de couleurs. J’ai été émue aux larmes. Un passage, en particulier, m’a fait pleurer. Je ne peux pas vous en parler, car c’est un moment fort du roman, mais d’y penser me rend tremblante d’émotion. Un évènement s’est produit sans que je m’y attende, j’ai ressenti la soudaineté avec laquelle Rita a dû le vivre.

Ce roman de transmission et de filiation m’a énormément touchée. J’ai eu la sensation qu’Olivia Ruiz l’avait écrit avec sa chair et cette sincérité m’a atteinte en plein cœur.

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