Envole-moi, Sarah Barukh

Envole-moi

Sarah Barukh

Éditions Albin Michel

À presque quarante ans, Anaïs a réinventé sa vie à Nice, loin de la grisaille du 19e arrondissement parisien où elle est née. Lorsque Marie, son amie d’enfance, la contacte après une longue absence, des souvenirs enfouis rejaillissent.

Les années 90, lorsque le rap et le basket galvanisaient les cours de lycée et le racisme sévissait déjà. Cette amitié bancale, où Marie semblait décider de tout… Et le drame qui les a séparées.

Le temps d’un week-end improvisé, les deux femmes affronteront leurs fantômes pour tenter de se retrouver.

Grâce à des personnages d’une vérité poignante, Sarah Barukh, l’auteure de Elle voulait juste marcher tout droit, nous plonge au cœur de l’adolescence et de ses stigmates, explorant dans ce roman troublant le poids du passé et la nécessité de s’en libérer pour pouvoir être soi-même.

Mon avis

J’avais découvert Sarah Barukh avec son magnifique roman Elle voulait juste marcher tout droit, qui fait partie de mes cinq livres préférés de ma vie de lectrice. En 2019, j’ai lu Le cas zéro avec une petite peur de ne pas retrouver ce qui m’avait émue, puisqu’il s’agissait, cette fois, d’un thriller médical. J’étais ressortie bouleversée de cette lecture que je vous recommande sincèrement. (Ma chronique est ICI). 

Lorsque Sarah Barukh m’a proposé de m’envoyer Envole-moi, j’ai accepté ce cadeau avec un immense plaisir. En le commençant, j’ai ressenti une appréhension, car Sarah est une auteure qui se renouvelle et nous emmène dans des genres littéraires différents, avec une grande réussite. J’avais aussi une inquiétude, en raison de l’espace temporel des années 90, qui me rappelait un de mes coups de cœur L’odeur de la colle en pot (ma chronique est ICI). J’ai été vite rassurée, car l’approche et les thèmes sont différents.

Dix ans qu’Anaïs n’a pas eu de contacts avec Marie, celle qui était sa meilleure amie, pendant l’enfance et l’adolescence. Aussi, quand cette dernière l’appelle, elle est tentée de refuser sa proposition de la rejoindre pour un week-end. Pourtant, lorsque celle-ci lui annonce qu’elle a perdu sa mère, les liens du passé l’emportent sur sa réticence et elle prend le vol Nice-Paris. Les deux amies entament un road-trip, digne du film de leur jeunesse, Thelma et Louise.

Leur amitié avait été marquée de drames, Anaïs les raconte. Il y a les malheurs devant lesquels elles ont fait front ensemble et il y a la tragédie qui les a séparées. Le temps d’un week-end, elles tentent de reconstruire leur relation et de s’envoler.

Anaïs alterne entre des sentiments de nostalgie et d’exaspération : Marie est toujours la même. Elle est celle qui s’est mariée avec l’homme qu’aimait son amie, celle qui avait les autres à ses pieds, mais aussi celle, attendrissante, qui a vu ses rêves s’envoler, qui a défendu Anaïs et avec qui elle échangeait des mots sur l’agenda. C’est une amitié à la vie à la mort. Sous fond musical des années 90, avec une légèreté qui n’est qu’apparente, les deux femmes revivent les boums, les films en VHS, vus une multitude de fois, et les drames humains qui ont touché leur bande. Plusieurs thèmes sont abordés, tels que l’excision, l’antisémitisme, la radicalisation, l’alcoolisme, etc. avec deux fils conducteurs, qui sont la maternité et la nécessité de se trouver soi-même.

Chacune s’est envolée, de manière différente. Chacune a envolé l’autre ; à la vie, à la mort ; rires et pleurs pour le lecteur. Deux amies qui sont de la même famille, bien plus que celle du sang. Chacune pouvant dire à l’autre : « Envole-moi puisque tu pars mais garde en mémoire notre au-revoir. »

Conclusion

Envole-moi est un livre tendre et émouvant. Il montre de quelle manière, un acte, une parole même, une seule, peut avoir des conséquences graves. Et si en un week-end, on revivait le passé ? Ce temps, suffirait-il pour se reconstruire ?

Je remercie sincèrement Sarah Barukh pour sa confiance et les Éditions Albin Michel pour ce service presse.

De la même auteure

Le cas zéro

3 commentaires

  1. Mazette quelle chronique Lieutenant Complice🐌 🙏❤️ et tu cites Jean Jacques Goldman. Je le note en très très gros sur ma whislist. 😉❤️❤️

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    1. Merci à toi, ma complice.🤩 Sarah Barukh est une auteure que j’adore. J’ai lu trois livres d’elle et trois fois, elle m’a emmenée dans des univers différents.

      As-tu lu Elle voulait juste marcher tout droit ? Je suis sûre qu’il te toucherait au plus haut point.

      Gros bisous.😘

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