Un soupçon de justice, Florence Tachoires

Un soupçon de justice

Florence Tachoires

Éditions City

Collection Terre d’Histoires

En cette année 1929, la jeune Jeannette, fraîchement diplômée en journalisme, est embauchée dans un journal de Gironde. Pour premier sujet, elle doit couvrir le procès de l’année : le meurtre d’un magistrat, assassiné sur les marches du palais de justice par une femme.

La jeune journaliste comprend rapidement que cette affaire est pleine de faux-semblants et que la criminelle, Odette Dubreuil, a peut-être des circonstances atténuantes… Dès lors, la jeune journaliste se donne une mission : faire éclater la vérité sur cette affaire qui dérange.

Mais en déterrant des secrets enfouis depuis longtemps, la journaliste fait l’objet de menaces. Dans un monde dirigé par les hommes, l’accusée tout comme Jeannette n’ont pratiquement aucune chance de se faire entendre… Et elle ne pourra compter que sur son intelligence pour que justice soit rendue.

En juillet 1929, Jeannette Routier, jeune journaliste, est prise à l’essai dans la rédaction du quotidien le plus populaire de Gironde : La Belle Garonne. Elle forme un binôme avec Antonin Lavoir, un chroniqueur judiciaire. Cet électron libre ne cache pas son agacement de devoir faire son apprentissage. Il est déterminé à l’ébranler et à la malmener. Il est un fervent défenseur de la peine de mort : il connaît le pouvoir de ses articles et s’emploie à contrer les éventuelles commutations. Pour lui, « cette année sera exceptionnelle. […] Quatre exécutions. » (p. 22) Une affaire lui tient, particulièrement, à cœur : celle de l’assassinat de Bernard Davon, l’avocat général avec qui il était ami. Le rédacteur en chef aimerait une interview de la meurtrière, or, depuis son arrestation, elle s’est retranchée dans le silence. Jeannette saisit sa chance. Elle est persuadée de pouvoir recueillir les confidences d’Odette Dubreuil : « Une femme parlera à une autre femme ! » (p. 24)

Rapidement, Jeannette comprend que l’acte d’accusation n’est pas exact. Elle est persuadée que Bernard Davon n’a pas été tué pour les raisons évoquées dans la presse. Elle pressent que si Odette parlait, elle pourrait bénéficier de circonstances atténuantes. Elle est déterminée à sauver, malgré elle, cette femme que plus rien ne raccroche à la vie, depuis la mort de son fils. Sa mission dérange Antonin Lavoir : il se bat pour que les femmes montent sur l’échafaud comme les hommes. Pour l’éloigner, il lui confie d’autres tâches, comme celle d’interroger la mère d’un bagnard. Misogyne, il veut aussi contrer l’ascension professionnelle de Jeannette. Cette dernière évolue dans un milieu masculin et se heurte à un machisme constant et virulent. J’ai admiré sa force de caractère. Elle s’impose et manie l’ironie avec brio. J’ai, aussi, apprécié le portrait de la société dressé par Florence Tachoires, sous l’angle de condition féminine, mais aussi judiciaire.

Cependant, Antonin n’est pas le seul à être embarrassé par les investigations de la jeune femme. Sa quête de vérité la met en danger, mais elle n’abandonne pas. Même si elle perçoit certaines menaces, sa jeunesse et sa fougue l’aveuglent. J’ai aimé ce mélange de témérité, de ténacité et de naïveté. Je pense que l’expérience et la maturité lui auraient évité certains pièges, mais ses erreurs apportent de la crédibilité au personnage. De plus, elle possède des armes précieuses : son intelligence, son sens de la justice et sa sincérité. Elle est extrêmement attachante. J’ai adoré son authenticité, les valeurs qui la portent et ses questionnements perpétuels sur le bien-fondé de ses actes. J’ai partagé ses hésitations, ses interrogations, ses affres au sujet de la frontière entre le bien et le mal et celles sur le poids de la vérité.

Enfin, j’ai aimé le rythme trépidant, en raison de l’urgence de révéler la vérité, avant le procès d’Odette Dubreuil. J’ai été emportée par ce récit, empli de mystères, de mensonges et secrets.

J’ai adoré Un soupçon de justice.

Je remercie sincèrement Emma-Lise des Éditions City pour sa confiance.

Laisser un commentaire