La traversée vers Mascate, Cay Rademacher

La traversée vers Mascate

Cay Rademacher

Editions du Masque

Quatrième de couverture

Été 1929. Le Champollion, un immense paquebot sillonnant les mers, doit mener la famille Rosterg de Marseille jusqu’à Mascate, pour leur négoce d’épices. Theodor Jung, gendre des Rosterg et photographe, décide de profiter du voyage de sa femme, Dora, pour immortaliser la traversée.


Mais au troisième jour, l’impensable survient. Dora n’est plus là. Dora n’a jamais été là. Tout le monde le dit, et le doute s’insinue dans l’esprit de Theodor. Serait-il devenu fou ? Les instants passés avec sa femme, à tenter de raviver les cendres de leur mariage, n’auraient-ils été qu’un rêve ? Pire encore : et si, à leur arrivée à Mascate, on s’apercevait qu’elle n’était nulle part, ni sur le paquebot ni en Allemagne, et qu’on l’accusait, lui, de l’avoir fait disparaître ?


Démarre alors pour Theodor une insoutenable course contre la montre dans les entrailles du vaisseau. Toujours aussi friand d’Histoire, Cay Rademacher, auteur à succès de La Trilogie hambourgeoise, nous embarque ici pour un palpitant huis clos, aux senteurs orientales et aux relents de mensonges.

Eté 1929. Hugo Rosterg, un marchand d’aromates allemand, se rend à Mascate, pour son commerce d’épices. La traversée se fait à bord du Champollion, un élégant paquebot des Messageries maritimes. Sa femme, sa fille, son fils et son fondé de pouvoir, Lüttgen, l’accompagnent. Son gendre n’a pas été convié, mais il a embarqué lui aussi ; Theodor Jung, photographe au Berliner Illustrirte, a convaincu son rédacteur en chef, de lui confier un reportage sur la traversée.

Le navire n’a encore pas largué les amarres, qu’il reçoit des menaces de Berthold Lüttgen, lui enjoignant de divorcer de Dora : « si vous restez à bord, vous allez le regretter. » (p. 13) Theodor ne se laisse pas intimider. Il veut sauver son mariage. Soupçonné par sa belle-famille de convoiter son entreprise et considéré comme un « prolo de la photo » (p. 16), il aime sincèrement son épouse. Pour elle, il est prêt à affronter ses traumatismes, « car depuis la guerre, Jung le savait : quand il mourrait, ce serait en mer. » (p. 17) 

Au bout de trois jours de navigation, Dora disparaît. Theodor est inquiet et la cherche partout. Mais lorsqu’il s’étonne de la nonchalance des proches de la jeune femme, il est stupéfait par leur réponse : Dora est à Berlin, elle n’a jamais été sur le bateau. Quand il interroge les autres passagers : personne ne l’a jamais vue et son nom ne figure pas sur la liste des passagers. C’est impossible, il n’a pas imaginé les moments qu’il a passés avec elle. Est-il fou ou victime d’un complot à grande échelle ? Il se méfie de tout le monde. Seule une personne le croit et participe, activement, à ses investigations. Par peur d’être accusé de la disparition de Dora et emprisonné en Arabie, Theodor agit discrètement. Certains évènements l’invitent fortement à la prudence.

J’ai été subjuguée par ce grand mystère. J’ai eu la sensation d’être au côté de cet homme désespéré, à qui je me suis énormément attachée. J’ai partagé ses doutes, ses angoisses, ses peurs et sa quête aux multiples ramifications. Comme lui, je n’ai fait confiance à personne, j’ai analysé chaque mot et chaque attitude. Les marques de sympathie me troublaient autant que les haines affichées. J’ai été emportée dans un tourbillon de morts opportunes, de mensonges, de faits inexplicables, d’actes inquiétants et de sentiment de folie. La traversée vers Mascate est un huis clos fascinant. J’ai adoré.

Je remercie sincèrement les Editions du Masque et Babelio pour cette masse critique.

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