La mort est derrière moi, Charles-Henry Contamine

La mort est derrière moi

Charles-Henry Contamine

Editions Plon

Quatrième de couverture

Qui peut prétendre juger le survivant d’une suicidée ?


Alors que tout le monde voudrait savoir pourquoi Sofia a choisi de mettre fin à ses jours, Pierre Deglaz se demande, lui, comment réchapper à l’abandon de la femme qu’il aimait.
Retranché dans son veuvage insensé, le magnat de KorrMedia, quotidien digital influent, allergique à l’air du temps délétère de ce début de siècle, voit s’ouvrir les portes de son propre enfer.


Dévasté, Pierre se révolte et s’enfuit. Damné en quête de rédemption, affrontant ses batailles intimes contre vents et marées, son errance le mènera du vieux Paris aux bleus de Polynésie, à travers le Finistère, Londres et le Mississippi, au rythme impétueux d’une bande-son de blues, de rock, de roll et d’espoir…

Un roman à l’écriture organique, aux émotions brutes, d’où émane une poésie désorientante, singulière. 

Mon avis

Pierre était persuadé que Sofia, sa compagne, avait surmonté ses failles et ses angoisses, « ce qu’elle appelait son cancer de l’âme ». « Je l’avais aidée, enfin, je pensais l’avoir aidée, à gagner sa guerre. » (p. 10) Hélas, il s’est tragiquement trompé. Il a reçu un appel d’un capitaine de police : Sofia s’est suicidée. Pourtant, aucun des symptômes habituels, aucun signe de détresse n’ont attiré l’attention de celui qui vivait avec elle, depuis trois ans. A la morgue, il reconnaît le corps, mais comme il n’a aucun lien officiel avec la défunte, l’identification revient à ses parents. 

Pierre rentre chez lui. Le premier soir, il ne prévient personne. Il reste seul avec son chagrin. Il préfère attendre avant d‘endurer les phrases de commisération. C’est un sentiment qui ne le quitte pas, un besoin absolu pour survivre. C’est une nécessité qu’il va imposer aux proches à qui il annoncera le drame : il veut que le silence soit maintenu, il ne veut pas comprendre et il ne veut pas subir la douleur des autres.

Dans la première moitié du livre, le deuil de Pierre est dépeint avec sensibilité et force. Il refuse de s’imposer la bienséance, il prend des décisions radicales, il veut rester maître de sa peine. Il ne veut pas que qui que soit tente de l’en sortir, il lui est nécessaire de sombrer pour tenir. Il n’accepte que les aides matérielles : démarches administratives, courses, etc., mais il désire qu’on ne lui vole pas sa souffrance, ni que celles des autres s’ajoutent à la sienne. J’ai été envoûtée par la puissance de ses émotions. J’ai aimé que ses réactions ne soient pas toujours celles attendues. Pour cette raison, elles m’ont semblé d’une justesse implacable.

La deuxième moitié relate son errance vers l’espoir. Par des voyages réels et un cheminement intérieur, Pierre se laisse porter par son instinct et ses envies. Ce sont ses choix, mais j’ai été moins emportée par cette partie. Même si je l’ai aimée, mon enchantement a été moins intense. Je me suis sentie plus à distance. J’ai eu l’impression que les faits dominaient les sentiments, même si ces derniers sont évoqués, mais dans une gamme différente.

Mon avis sur La mort est derrière moi est partagé. J’ai été moins séduite par la deuxième partie, alors que la première m’a hypnotisée. Aussi, malgré l’amoindrissement de ma fascination, je ne regrette pas ma lecture. Les premières phases du deuil de Pierre m’ont énormément touchée et cet ensorcellement l’emporte sur mes impressions distanciées des suivantes. C’est la raison pour laquelle je recommande ce roman.

Je remercie sincèrement Constance des Éditions Plon pour ce service presse.

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