Gazoline, Emmanuel Flesch

Gazoline

Emmanuel Flesch

Editions Calmann-Lévy

Quatrième de couverture

« Le soleil lui chauffe la nuque. L’été ne veut pas finir. Sans prévenir, les cloches de l’église se mettent en branle, quatre coups amples, tonitruants, répercutés dans le ciel de la vallée. »


Automne 1988. Il y a le clocher, la place du village, des vignes à perte de vue. Près de la cabine téléphonique, assis sur leurs mobylettes, des jeunes s’ennuient.


Les gosses ont repris le chemin de l’école. Les anciens s’inquiètent de la météo, des vendanges. Un monde en apparence immuable ; un monde pourtant proche de sa fin.


Survient l’incendie. Une grange part en fumée. Accident ? Acte criminel ? Les esprits s’échauffent, de vieilles rancunes se réveillent, les rumeurs courent. Tous les regards se portent sur Gildas, le mauvais garçon, le marginal.


Gazoline, c’est le roman d’un village, d’une époque, dans lequel une poignée de filles et de garçons brûlent, sous l’oeil de leurs aînés, d’un farouche désir de grandir.

Mon avis

Ils sont en Cm2, au lycée, dans la vie active ou retraités. Eux, ce sont les habitants du village. Un bourg tranquille, qui comporte comme tous les autres, des rivalités, des rancunes, des amourettes, et même un enfant terrible, soupçonné de tous les méfaits.

Aussi, lorsque la grange du père Berthelot prend feu, les regards se tournent vers Gildas. Puis se déplacent vers les Comuzzi. Tout le monde connaît les relations tendues entre le vigneron et la famille communiste. Puis les yeux se reportent sur Gildas : il est connu pour multiplier les bêtises. Sa mère est sa plus grande accusatrice. Les rumeurs circulent, s’inversent et tournent en boucle. L’incendie est éteint, mais les braises de la suspicion alimentent les conversations et les colères. Elles déclenchent des réactions en série, elles donnent naissance à des malentendus et à des accidents.

Samuel, un petit garçon de douze ans, est au cœur des évènements. Amoureux de Delphine Berthelot, qui a vu mourir ses chèvres dans le sinistre, il porte un fardeau trop lourd pour lui. Son secret pèse trop fortement sur ses épaules, il aurait préféré ne rien savoir. Ce qu’il a vu est-il important ? Son copain, Alex, nouvellement installé dans le village, ne peut pas l’aider.

Sandra, la sœur d’Alex, a d’autres préoccupations. Âgée de dix-sept ans, elle vit ses premiers émois, elle découvre sa sensualité et l’attraction de son corps sur les hommes. Elle intègre, avec réticence, la bande d’ados, mais elle recherche toujours plus de sensations.

Gazoline est partagé en quatre saisons. Il retrace l’année 1988, dans un village, par les voix de plusieurs générations. Selon l’âge des personnages, la perception des évènements est différente, mais a un fort impact sur les vies de chacun. J’ai été captivée par ce mélange de regards. Selon l’expérience de vie, l’interprétation des faits et les informations ne sont pas les mêmes, jusqu’à, parfois, s’opposer. Les adultes se rencontrent au cœur de la commune, les enfants se cachent dans les bois et les adolescents se retrouvent près de la piscine du camping. Ces lieux sont à l’image de la perspective des regards.

J’ai aimé les histoires personnelles : les raisons du comportement marginal de Gildas, les tourments de Samuel, la quête d’identité de Sandra, les rivalités des adultes et la paisibilité des anciens. Personne n’a oublié la grange brûlée, mais d’autres feux sont allumés : dans les corps et dans les esprits. Jusqu’au brasier final…

J’ai été subjuguée par ce roman qui retrace la vie d’un village, pendant quatre saisons, à la fin des années 80. Il mêle la vie collective, avec l’incendie et la préparation du bicentenaire de la Révolution française (deux évènements qui mettent en exergue les rancœurs), et les destins individuels, avec une grande part accordée à la jeunesse et à ses désirs d’émancipation et de dépassement des limites. J’aurais aimé une fin plus abrupte. J’ai eu la sensation que l’auteur avait choisi de ne pas marquer l’achèvement, afin de rappeler que les personnages continuent de vivre après les derniers mots. J’ai eu un sentiment de nostalgie agréable. Alors que j’étais proche du coup de cœur, il m’a manqué « un clap de fin ». Cependant, j’ai adoré Gazoline.

Je remercie sincèrement Doriane des Éditions Calmann-Lévy pour ce service presse.

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Le Coeur à l’échafaud

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