
Le lac au miroir
Odile Lefranc
Editions Viviane Hamy
Quatrième de couverture
Hannah Springer, 38 ans, au point mort dans sa vie, trompe son ennui existentiel à Bali lorsqu’elle apprend le décès brutal de sa mère, Magda Springer. Fâchées, elles ne s’étaient pas vues depuis vingt ans. De retour à Paris, bien résolue à comprendre les causes de la mort de sa mère, Hannah fouille le passé familial et fait une découverte qui va bouleverser son existence.
Près d’un siècle plus tôt, Walter Spies, jeune artiste allemand en quête de liberté, fuit son pays et s’installe à Bali. Là-bas, il peindra ses plus belles œuvres.
Qu’est devenu Le Lac au miroir, ce tableau disparu de Walter Spies que, enfant, Hannah admirait sur le mur de sa chambre ? Et si un lien unissait le destin de ce peintre iconoclaste et celui de la famille Springer ?
Commence alors pour Hannah un voyage à la recherche de ses origines qui l’emporte dans une traversée du xxe siècle, entre la France, l’Allemagne et Bali.
Ce premier roman offre une méditation singulière et émouvante sur la mémoire familiale et la relation mère-fille. Mais c’est avant tout une ode à la liberté, et la célébration d’un plaisir de vivre retrouvé et des pouvoirs magiques de l’art.
Mon avis
Sortie le 4 janvier 2023
Il y a vingt ans, Hannah a quitté la France pour l’Australie. Depuis, elle n’est jamais revenue. Elle est à l’aéroport de Bali, où elle vient de passer des vacances, lorsqu’elle reçoit un sms laconique « Appelle-moi. C’est au sujet de ta mère. » (p. 14) Paris ? Sydney ? Elle ne sait pas quel avion prendre. Elle choisit la France, mais elle arrive trop tard : sa mère est décédée.
Hannah explore les affaires de la défunte, avec l’espoir de comprendre celle avec qui elle n’a jamais pu communiquer. Elle aimerait découvrir la vie de celle-ci. Elle entretient le rêve que des trésors cachés lui révèlent le nom de son propre père, principale cause de leur mésentente. Elle espère, également, percer le mystère des tableaux qu’elle aimait tant, pendant son enfance. Pendant son séjour à Bali, elle a visité un musée. Dans celui-ci, étaient exposées des toiles de Walter Spies. Elle a reconnu trois des toiles qui étaient dans sa chambre parisienne. Un cartel indiquait que les œuvres étaient une donation de Magda Springer : sa mère. Qu’est devenue la quatrième, sa préférée : Le Lac au miroir ?
Hannah entreprend un voyage dans le passé maternel. Celui-ci commence à Dresde, là où est née Magda, pendant un bombardement, en 1945. Elle affronte les raisons du silence de cette dernière et découvre de quelle manière celle-ci était liée à Walter Spies. Le peintre est en filigrane de l’histoire et, régulièrement, des chapitres lui sont consacrés.
Hannah se frotte à des vérités qui font mal. Elle est confrontée à un héritage familial lourd et douloureux. C’est, pourtant, ce sentiment de malaise qui lui permet de mieux appréhender la personnalité de sa mère, mais aussi de se libérer des liens du secret intergénérationnel.
Le Lac au miroir est un roman sensible et délicat qui traite de l’héritage des hontes familiales et de l’importance de rompre les chaînes du secret. A travers Magda et Hannah, il montre le poids du silence sur les générations suivantes, ainsi que la nécessité de réparer. De Dresde à Bali, en passant par Paris, le deuil d’Hannah retrace des évènements en lien avec la Deuxième Guerre mondiale, tels les spoliations d’œuvres d’art et le terrible destin de Walter Spies, sous un angle original. Ce roman m’a donné envie de contempler les tableaux de cet artiste, que je ne connaissais pas.
J’ai beaucoup aimé Le Lac au miroir et je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Viviane Hamy pour cette Masse Critique privilégiée.