
L’Alchimiste de Sant-Vicens
Hélène Legrais
Editions Calmann-Lévy
Collection Territoires
Quatrième de couverture
Dans les années 50, l’atelier de céramique de Sant Vicens à Perpignan devient un haut lieu de la création artistique. La céramique est en vogue et les plus grands maîtres, tels Jean Lurçat ou Pablo Picasso, y réalisent leurs oeuvres, entretenant une atmosphère de fantaisie et de liberté.
Cette effervescence n’est pas du goût d’André Escande, vieil atrabilaire cartésien qui a l’art moderne en horreur, et dont les fenêtres donnent sur ce repère de « barbouilleurs ». Sa femme Suzanne, au contraire, est éblouie par l’ambiance de l’atelier.
À l’insu de son mari, elle le fréquente assidûment et s’initie même à l’alchimie de la terre et du feu. Alors qu’elle ne sait comment révéler à l’irascible André sa secrète passion, Suzanne va trouver dans une petite fille autiste du voisinage, murée dans le silence et envoûtée par les motifs chatoyants des céramiques, une alliée inattendue…
Mon avis
André Escande est un professeur de mathématiques en retraite. Il a un caractère bougon et rigide. Très attaché à la bienséance, il ne s’autorise que peu de plaisirs, excepté celui des sciences. Très conformiste et adepte du calme, André n’apprécie pas l’effervescence de l’atelier de céramique qui jouxte sa propriété. Sant Vicens a atteint une renommée internationale et accueille les plus grands artistes, de Jean Lurçat à Picasso. Son fondateur multiplie les invitations à déjeuner, mais André refuse de se mêler à ces « excentriques ».
Suzanne, son épouse, ne partage pas son aversion : elle est fascinée. Elle a appris à composer avec les humeurs de son époux et à lui éviter tout sujet d’énervement. Elle a une personnalité sociable et un goût de la vie que ne possède pas André. Même si ce dernier a imposé le choix des couleurs des fleurs, elle est parvenue à lui faire accepter sa roseraie. Elle a, également, aménagé une pièce dans laquelle elle effectue ses travaux de broderie et écoute la radio. C’est son petit cocon. L’histoire se déroule dans les années 50, alors que les femmes avaient peu de liberté : les hommes étaient les chefs de famille.
Suzanne finit par accepter la proposition du maître du mas, Firmin Bauby, de l’initier à la céramique. Auprès des artistes, elle se transforme et s’autorise à devenir elle-même. André ne sait rien de ses activités. Il perçoit son attirance pour l’atelier, mais ses critiques empêchent Suzanne de lui révéler son secret. A la maison, elle cache sa vraie personnalité. Mais ses pensées dévoilent sa lucidité, ses désirs et son humour.
Suzanne m’a beaucoup touchée, car elle essaie de compenser le manque de sociabilité et d’empathie de son mari. Elle maintient les liens avec la famille que celui-ci délaisse. Elle est ouverte aux autres. Elle offre des moments de repos à une mère épuisée. En effet, depuis la naissance de sa fille, sa voisine ne dort plus. Le bébé ne fait que pleurer et dort très peu. Le diagnostic est, finalement, évoqué : Vivi est autiste. Pourtant, les médecins culpabilisent la maman. J’ai été remuée en découvrant l’attitude des médecins.
En grandissant, Vivi éprouve une attirance pour le jardin du mas. André, en homme de science, cherche à en comprendre les raisons. Le vieux bougon oublie ses râleries : sa curiosité intellectuelle le force à regarder le monde qui l’entoure. Pour lui, il s’agit d’une énigme à résoudre, il traite le mystère de la même manière qu’il analyse une équation. Il ne perçoit pas le changement qui s’opère dans sa personnalité. Son caractère reste le même, il a toujours des colères, mais elles naissent aussi dans son cœur, plus seulement dans son cerveau.
Involontairement, l’innocence de Vivi rapproche les personnes attentives à son bien-être. Des scènes m’ont énormément émue. J’ai été touchée par l’envie de certains de comprendre sa différence pour lui apporter le bien-être qu’elle recherche. Quand la création et la science se rejoignent pour offrir du bonheur à un enfant, cela crée des situations magiques.
Ce roman relate l’histoire de l’atelier de Sant Vicens (qui fête ses quatre-vingts ans), à travers le regard du voisinage. Deux perceptions s’opposent : l’aversion d’André pour le monde de l’art et la fascination de Suzanne pour la création. Avec passion, Hélène Legrais décrit un univers foisonnant et exaltant. Vivi, une enfant autiste, est le lien entre les différents univers. J’ai été très touchée par l’aventure humaine au cœur du roman. J’ai adoré L’alchimiste de Sant Vicens.
Je remercie sincèrement Doriane des Éditions Calmann-Lévy pour ce service presse dédicacé.
De la même auteure

