Des dentelles de charbon, Michel Lacombe

Des dentelles de charbon

Michel Lacombe

Editions de Borée

Collection Terres d’écriture

Quatrième de couverture

Chassée par sa mère, Marie décide de partir à Lille pour chercher un emploi dans le textile. Hébergée par Firmin, un vieil homme au bon coeur, elle trouve une place dans une grande filature où, au fil des années, elle se montre une excellente ouvrière. Jusqu’au jour où elle se refuse aux avances d’un contremaître et se voit obligée de quitter cette fabrique. Contrainte de s’établir à Tourcoing, elle sauve par hasard durant l’hiver 1910 un boiteux ayant trébuché sur le verglas. Ce n’est autre qu’Albert Malerve, un industriel du textile. Ce dernier monte une usine de dentelle mécanique à Caudry, au sud de Valenciennes. Une opportunité pour Marie ?

Mon avis

Marie aurait pu continuer l’école, mais elle en a assez d’être l’esclave de sa mère. Celle-ci lui reproche sa naissance et l’insulte continuellement. Aussi, à treize ans, l’adolescente décide d’entrer à la mine ; comme son père, le seul auprès de qui elle trouve du réconfort. Elle se fait très vite repérer pour sa volonté, ses capacités d’apprentissage et son courage, aussi, elle grimpe très vite les échelons : elle devient lampiste. Sa tâche consiste à vérifier les lampes des hommes avant qu’ils ne descendent dans la mine. Une part de leur sécurité dépend de son travail. Un an après ses débuts, le 10 mars 1906, se produit la catastrophe de Courrières. Les fosses s’effondrent et se referment sur les mineurs. Officiellement, 1099 hommes meurent, le père de Marie est du nombre des disparus. La jeune fille est alors chassée par sa mère.

Dans la première partie de ce roman émouvant, Michel Lacombe décrit le travail à la mine et la vie dans les corons. Il raconte les circonstances qui ont mené à la catastrophe de Courrières et l’attitude inhumaine des dirigeants de la mine. Des survivants de l’effondrement meurent asphyxiés suite à des décisions aberrantes : le sauvetage des installations prime sur celui des hommes. Trois jours après le drame, le directeur de la compagnie signe la fin des recherches. La révolte gronde et « les syndicats sont en ébullition » (p. 91). La colère s’amplifie quand, vingt jours après l’explosion, treize gueules noires remontent à la surface. Ces rescapés miraculés démontrent que le bilan humain aurait pu être amoindri. Avec humanité, l’auteur raconte les souffrances des familles et des collègues, la solidarité des travailleurs de la mine et leur fureur légitime. Il relate aussi les injustices qui ont frappé les veuves.

Depuis la mort de son père, plus rien ne retient Marie à Méricourt. Elle part à Lille, tenter sa chance dans une filature. La deuxième partie concerne son travail dans le milieu du textile, difficile et dangereux, lui aussi ; en particulier pour les femmes, cibles de contremaîtres libidineux. La jeune femme est victime de la vengeance de ces hommes sans scrupule. Heureusement, une troisième, puis une quatrième vie s’offrent à elle. Seront-elles celles du bonheur ?

Marie mène plusieurs existences différentes, cependant, elles ont toutes un point commun : des rencontres heureuses. Malgré les épreuves, des mains se tendent pour l’empêcher de sombrer. Sa personnalité, sa gentillesse et sa générosité provoquent ces opportunités. En effet, ces liens sont marqués de réciprocité. Parfois, c’est Marie qui offre son aide en premier, parfois, ce sont les autres, mais les échanges sont toujours dans les deux sens. La jeune femme est altruiste, humble et courageuse ; elle attire des personnes possédant les mêmes qualités qu’elle.

Des dentelles de charbon dépeint les terribles conditions de travail des mineurs et des ouvriers du textile au début du XXe siècle, dans le Nord de la France, ma région natale. J’ai été passionnée par le récit de la catastrophe de Courrières, par celui du combat mené par les gueules noires, pour obtenir des avancées sociales (dont nous bénéficions encore aujourd’hui) et par la description du métier de la filature et des progrès techniques. Enfin, je me suis attachée à la généreuse Marie. La vie n’est pas tendre avec elle, cependant, elle se bat pour elle et les autres. Elle démontre un véritable courage, dans les épreuves, qui se manifeste par une force admirable. J’ai eu un coup de cœur pour Des dentelles de charbon.

Je remercie sincèrement Virginie des Éditions de Borée pour ce service presse.

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