Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents, Shannon Pufahl

Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents
Shannon Pufahl
Editions Albin Michel
Collection Terres d’Amérique

Quatrième de couverture

San Diego, 1956. Muriel a quitté son Kansas natal pour la Californie avec l’homme qu’elle vient d’épouser et qu’elle connaît à peine. À l’étroit dans sa vie de jeune mariée, elle trouve au champ de courses une échappatoire qui lui procure un frisson de liberté.

Renvoyé de l’armée pour son homosexualité, Julius, son beau-frère, est chargé de repérer les tricheurs dans un casino de Las Vegas, jusqu’au jour où il tombe amoureux de l’un d’eux. Pour lui, il n’hésitera pas à tout quitter et à risquer sa vie.

Entre roman noir et chronique de l’Amérique des années 1950, ce premier roman poignant aborde la place du désir et la quête de soi à travers le destin de deux êtres qui refusent de se conformer aux diktats de leur temps.

« Shannon Pufahl esquisse la frontière entre le sexe et la morale, de Tijuana à Las Vegas, au milieu des marins en goguette, des hôtels miteux, du bruit et de la poussière des champs de course. Lisez ce livre tout simplement parce que personne n’écrit comme elle : sa voix est puissante, impressionnante et pure. » Justin Torres, auteur de Vie animale

Mon avis

San Diego, 1956. Muriel est serveuse au Heyday Lounge. Dans cet établissement, des parieurs de courses hippiques se retrouvent et échangent des pronostics. Ils pensent que personne ne les écoute : leurs débats sont trop complexes pour attirer les oreilles curieuses. Ils ne soupçonnent pas que Muriel note, depuis plusieurs mois, leurs spéculations secrètes. En elle, il ne voit qu’une femme, aussi, ils estiment qu’elle est incapable de mener une réflexion sur un sujet inaccessible aux novices. Pour eux, si elle est salariée, c’est que la vie l’y a forcée. Ils ne savent pas qu’elle a toujours travaillé, qu’elle a pris le car toute seule depuis le Kansas, qu’elle sait jouer aux cartes et conduire une voiture. Depuis quelques mois, elle est mariée à Lee, un homme qu’elle connaît peu. Elle l’a épousé pour trouver la stabilité qu’elle n’a pas eue dans son enfance. Sa mère était une femme moderne et indépendante : elle parcourait soixante kilomètres, toutes les semaines, pour aller dans une église qui acceptait que les femmes portent un pantalon, elle enchaînait les amours, etc. Lee est un bon mari, mais Muriel étouffe. Aussi, elle se rend, secrètement, aux champs de courses, pour ajouter du frisson et un souffle de liberté, dans son existence paisible.

Seul son beau-frère connaît son activité secrète. Tous deux sont animés par la même flamme et ils aiment le jeu. Aussi, elle espérait qu’il vivrait avec le jeune couple. Ses vœux n’ont pas été exaucés. Julius n’a pas tenu sa promesse : il parcourt la côte Ouest des Etats-Unis, avant de se poser à Las Vegas. Renvoyé de l’armée pour son homosexualité, il s’installe dans la ville des possibles. Exalté par les jeux d’argent, il est employé par un casino. Caché dans des combles, donnant sur les tables de jeux, il est chargé de repérer les tricheurs. C’est là qu’il rencontre Henry de qui il tombe amoureux. Hélas, un soir, il fait un choix terrible, qui oblige son amant à fuir. Empli de regrets, Julius le recherche. Sa quête le mène au Mexique. Il ne sait pas si Henry y demeure, mais il laisse des indices de sa propre présence. Pour que l’on parle de lui, il prend des risques considérables.

L’histoire de Julius agit comme un détonateur dans l’existence de Muriel. Elle se cherche et comprend que ses désirs ne sont pas ceux qu’elle pensait. Elle se laisse, d’abord, porter, puis devient maîtresse de ses envies.

Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents m’a évoqué un roman contemplatif. En effet, alors que l’action est lente, il est une photographie des Etats-Unis, dans les années 50. Bien que la société soit conservatrice, Shannon Pufahl montre que les individualités commencent à s’exprimer et œuvrent pour la libéralisation des mœurs. Les personnages se cherchent et se découvrent, déchirés entre ce qu’impose la morale et leur véritable nature. C’est un livre introspectif, le rythme est langoureux. J’ai été surprise de l’aimer autant, car peu d’événements s’y déroulent, mais l’écriture de l’auteure est magique et envoûtante. Comme le joueur de flûte de Hamelin, j’ai été subjuguée par ces mots et je me suis sentie entourée d’un voile poétique, dont je ne voulais pas me défaire.

Je remercie sincèrement Claire des Éditions Albin Michel pour ce service presse.

3 commentaires

    1. Merci à toi.💖C’est ce voile poétique qui fait que j’ai aimé autant ce livre. J’ai été surprise de l’aimer autant, alors, qu’effectivement, je n’ai pas forcément compris la quête des personnages.

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