
Hanna et ses filles
Marianne Fredriksson
Editions de l’Archipel
Collection Archipoche
Quatrième de couverture
« Une magnifique épopée sur trois générations dépeignant, en filigrane, l’âpreté de la vie suédoise à la fin du XIXe siècle. » De Telegraf
Hanna, Johanna, Anna, ces trois femmes de la même famille ont vécu entre 1870 et aujourd’hui. De la petite paysanne violée à l’âge de douze ans à la femme émancipée, universitaire et journaliste, en passant par la femme au foyer modèle, que de chemin parcouru…
En suivant ces trois générations, c’est à toutes les transformations de la société suédoise, de la misère à la prospérité, du monde rural aux grandes cités urbaines, que l’on assiste.
Au cœur de ces bouleversements, subsistent des questions lancinantes. Que signifie l’indépendance pour les femmes ? Qu’a gagné Anna par rapport à sa mère et à sa grand-mère ? Plus libre, aura-t-elle une vie plus heureuse ?
Un livre émouvant et subtil sur la condition féminine à travers des portraits de femmes attachants.
Mon avis
Hanna et ses filles conte l’histoire de trois générations de femmes : Hanna, Johanna et Anna. Cette dernière tente d’écrire le destin des femmes de sa famille et s’interroge sur le poids que les vies passées ont fait peser sur les différentes générations. Pour que les mots puissent être couchés, il est nécessaire qu’elle affronte les transmissions familiales.
La première partie déroule celle de sa grand-mère, née en 1871. Devenue mère à treize ans, à la suite d’un viol, elle est la cible de l’opprobre villageois jusqu’à ce que sa route croise celle de John, qui accepte son fils comme le sien. Hélas, lui aussi, porte en lui, une douleur très grande. Ils marient leurs souffrances et unissent leurs espoirs. Évidemment, certains gestes heurtent les femmes émancipées que nous sommes devenues, cependant John m’a touchée. Hanna a une existence difficile, elle ne se plaint pas, elle accepte les épreuves que le divin lui impose, avec fatalité. Cette partie qui est la plus longue et qui est celle que j’ai préférée, décrit, avec précision, le quotidien dans les campagnes suédoises et la condition féminine, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
Elle est ensuite entrecoupée d’un intermède dans lequel Anna insère des éléments à son sujet. Celui-ci est suivi d’une partie consacrée à sa mère, Johanna, pour qui le silence remplace de plus en plus les mots. Ce silence est, justement, très présent, dans le livre. Les femmes endurent les chagrins, sans les exprimer et sans percevoir qu’ils sont transmis aux générations suivantes. Ils le sont de manière imperceptible, pourtant, ils influencent les choix ; ne serait-ce que celui des époux, qui, par certains aspects, se ressemblent, de même que les mères de ces derniers partagent les mêmes défauts.
Cependant, cette saga montre, essentiellement, l’évolution de la condition féminine et la transformation de la société suédoise. Alors qu’Hanna accepte le rôle que la société lui a attribué, Johanna ne veut pas reproduire les schémas et aspire à son émancipation, tandis qu’Anna, la plus indépendante, puisque née plus tard, s’interroge sur la réalité de sa liberté. Étrangement, la plus moderne est celle qui m’a le moins touchée. Elle maintient ses émotions à distance, pour se protéger, ce qui m’a éloignée d’elle. Aussi, mon ressenti a été inégal. J’ai adoré la première phase, mon intérêt s’est ensuite émoussé, puis s’est réveillé dans la dernière partie. J’ai aimé ce livre, mais pas autant que je l’escomptais. Les attentes que j’en avais ont biaisé mon enthousiasme : j’espérais un livre à l’atmosphère envoûtante, comme dans Mon Antonia. Le récit au sujet d’Hanna a comblé cette envie. Malheureusement, cette sensation s’est atténuée au fil des générations, pour se manifester, à nouveau, à la fin.
Je remercie sincèrement Mylène des Éditions de l’Archipel pour ce service presse.
Incroyable évolution tout de même depuis presque 150 ans ! Merci pour ce retour 😉
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Merci à toi. C’est vrai que l’écart est immense entre les conditions de vie de Hanna et celles de Anna.
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