
Des noces en or
Sylvie Baron
Editions Calmann-Lévy
Collection Territoires
Quatrième de couverture
Quel secret peut bien cacher Chantelauze, charmant petit village du Cantal qui a acquis une renommée mondiale ?
Lorsqu’une star américaine choisit de célébrer son mariage à Chantelauze, « village du bonheur » niché au coeur des monts du Cantal, le maire et ses administrés vivent l’événement comme une consécration. Dix ans plus tôt, on a découvert qu’aucune des unions célébrées dans la commune ne s’était jamais soldée par un divorce. Depuis, toute la population se mobilise pour chanter les louanges du village et y attirer les fiancés de France et maintenant du monde entier. Qui se marie à Chantelauze, se marie pour l’éternité !
Mehdi, journaliste, et son ami Jean-Cyril, sociologue, sentent que quelque chose cloche dans le miracle relayé avec complaisance par les médias. Ils décident d’aller enquêter sur place en s’improvisant candidats au mariage avec leurs amies Fanny, elle-même originaire de Chantelauze, et Charlotte.
Les jeunes gens ne se doutent pas qu’ils vont bientôt se retrouver au coeur d’un engrenage implacable et périlleux. Quel est donc le vrai secret de Chantelauze ?
Mon avis
Hiver 2012. Marcel Pujol, maire de Chantelauze, a peur que son village meure. La population est vieillissante et les maisons se ferment les unes après les autres, au fil des placements en Ehpad. « Son village, il l’a dans la peau. » (p. 10) Son père, son grand-père, son arrière-grand-père et d’autres aïeux avant eux, ont toujours été à la tête de la mairie. Hélas, Chantelauze subit les effets de la désertification. Comment la combattre ? Une idée lumineuse lui vient, quand, Simone, sa secrétaire de mairie lui évoque un fait surprenant, qu’elle a découvert en numérisant les actes de l’état civil. « Sur les 4 615 mariages civils célébrés ici à Chantelauze depuis le décret du 20 septembre 1792 signant la création officielle de l’état civil, aucun ne s’est terminé par un divorce » (p. 20). Si Chantelauze devient « le village du bonheur », cela va attirer les fiancés. L’obligation légale pour au moins un des époux de résider un mois dans la commune avant de publier les bans, va repeupler le village et développer les commerces.
Dix ans plus tard, le rêve de Marcel s’est concrétisé. Même une star américaine, aux nombreux époux, s’est mariée à Chantelauze et n’a pas divorcé, ce qui a contribué au rayonnement du village. Lors d’un dîner mondain, Fanny est surprise d’apprendre que les paysages de son enfance sont célèbres. Ce qu’elle entend ne correspond pas à ses souvenirs. Elle n’y croit pas. Un invité, Jean-Cyril, l’aborde. Il lui explique que sa formation de sociologie le fait douter, lui aussi, de ce beau rêve vendu par la commune. Il lui propose d’enquêter sur place. Elle accepte. Leur plan est simple : ils organisent le faux mariage de Mehdi, un ami journaliste de JC, et de Charlotte, la meilleure amie de Fanny. Ils ont un mois pour découvrir les secrets de Chantelauze. Hélas, le jeu tourne au drame.
J’ai adoré les personnages. Jean-Cyril ne jure que par les statistiques et il analyse tous les faits sous cette perspective. Bien que ses informations soient exactes, il en devient risible et les filles ne se gênent pas pour le lui dire. Sa personnalité rigide m’a, énormément, amusée. Le contraste avec sa fausse fiancée, Charlotte, une artiste excentrique et exubérante, est savoureux. Fanny, elle, est dans la réflexion et Mehdi, au caractère soupe-au-lait, est intrépide, mais aussi très doué pour relier les indices. Malgré les différences de ses membres, le quatuor étonnerait par sa perspicacité, si un de ses côtés n’était pas effacé…
Alors que les quatre amis avaient pour objectif de dénoncer ce qu’ils pensaient être une supercherie, ils sont pris dans un engrenage dans lequel la mort rôde. Les statistiques sont exploitées à partir de faits, mais elles ne déterminent pas les données de départ. L’humain le peut… surtout quand celles-ci menacent de révéler les secrets. J’ai aimé le décalage entre la légèreté des enquêteurs en herbe et la gravité des faits. Au départ, ils n’ont pas conscience du danger et le ton est adapté à leur naïveté, leur jeunesse et leur foi en leurs talents de détective. Évidemment, comme toujours avec Sylvie Baron, j’ai, moi-même, été trompée par les apparences.
J’ai adoré ce roman aux airs de cosy-mystery.
Je remercie sincèrement Doriane des Editions Calmann-Lévy pour ce service presse.
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