Sombre éclat, Jean-Marie Quéméner

Sombre éclat

Jean-Marie Quéméner

Editions Plon

Quatrième de couverture

« 7 juin 1940. Dans le village d’Airaines, près d’Amiens, s’achève l’histoire d’un homme héroïque, celle d’un tirailleur sénégalais devenu capitaine, Charles Ntchorere.  Après des jours de combat, dans un sacrifice volontaire, ses hommes et lui se rendent aux mains de la 7e division blindée de Rommel.

Considéré comme un simple animal par les nazis, Charles Ntchorere est froidement exécuté par un officier de la Wehrmacht.

Ici s’achève l’Histoire, ici commence la mienne… »

Mon avis

Charles Ntchorere est un tirailleur sénégalais. Il a combattu pendant la Première Guerre mondiale et a obtenu le grade de sergent. Il a participé à la Seconde Guerre, en qualité de capitaine, et il a reçu de nombreuses décorations pour sa bravoure. Il a perdu la vie le 7 juin 1940. Afin de couvrir la retraite du reste de leur régiment, ses hommes et lui se sont rendus, à Airaines, près d’Amiens. Ils se sont sacrifiés. Les nazis triaient les hommes : d’un côté, les soldats ; de l’autre, les officiers ; quant à Charles Ntchorere, ils ne le considéraient pas comme un humain, mais comme un animal, en raison de sa couleur de peau et il a été tué.

Jean-Marie Quéméner a imaginé un intermède entre la capture de Charles et son exécution. Il propose un dialogue entre le capitaine de l’armée française et un capitaine de l’armée allemande. Un échange de regards, puis le refus du tirailleur de perdre son honneur d’officier français pour sauver sa vie. « Je suis capitaine de l’armée française. Je vais rejoindre le rang des officiers ou mourir ici. Vous choisissez mon destin, j’en choisis le lieu. » (p. 26) Karl von Dönhoff, officier de la Wehrmacht, est surpris qu’un « indigène » parle allemand. Une discussion débute, l’humanité s’invite sur le front, la barbarie s’efface, le temps d’une conversation. Celle-ci est d’abord empreinte de préjugés et de conditionnement, qui sont remplacés, le temps d’un partage, par la connaissance de l’autre.

C’est un huis clos qui ne doit pas montrer son intimité : les deux hommes sont observés. Ils sont ennemis, mais ils découvrent que leurs ressemblances sont plus nombreuses que leurs différences. Par ses actes, Charles a montré qu’il était un héros. L’auteur a inventé les paroles qu’il aurait pu prononcer, il lui a rendu ce qu’une décoration ne peut pas faire : son âme, sa personnalité et son humanité. Un pistolet sur la tempe, il conserve sa divinité et sa compassion. Le conciliabule entre lui et Karl est émouvant. Les envolées philosophiques méritent que l’on s’attarde, que l’on prenne le temps d’entendre l’espérance qu’elles soufflent, ainsi que les messages humanistes qu’elles délivrent. Le respect entre les deux hommes grandit au fur et à mesure des mots. Il n’était pas, mais il se gagne. Le recul de l’ignorance laisse entrevoir l’espoir, des gestes et des phrases suggèrent, nous restons accrochés à eux. Cependant, des scènes barbares rappellent la réalité.

Le titre est merveilleusement choisi : un éclat dans la noirceur, une lumière au milieu du sang versé, un espoir au sein de la barbarie, un éclat court et bref. Je pleurais quand j’ai lu la dernière ligne. Elle me hante : ce sont trois mots qui disent tant et qui m’ont bouleversée. J’ai eu un coup de cœur pour Sombre éclat.

Je remercie sincèrement Constance et Claire-Aurélie des Editions Plon pour ce service presse.

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