
Nos abîmes
Pilar Quintana
Editions Calmann-Lévy
Quatrième de couverture
1983, Cali. Claudia a huit ans et aime follement sa magnifique mère, qui s’appelle aussi Claudia. Cependant, cette dernière ne lui retourne pas son amour. Elle n’aime pas non plus son mari plus âgé, qu’elle a épousé par défaut. Elle rêvait d’une vie glamour et se retrouve avec un propriétaire de supermarché chauve. Quand un beau jour, de retour d’un long voyage en Europe, sa belle-sœur lui présente sa nouvelle conquête, bien plus jeune, Claudia tombe sous son charme et une liaison passionnelle démarre. Hélas, le mari de Claudia découvre le secret et lui interdit de revoir son amant, qui disparaît du jour au lendemain. Cela provoque chez elle une immense dépression. Claudia ne quitte plus son lit et passe son temps à pleurer. Pris de pitié, son mari l’installe avec sa fille dans une maison haut perchée dans les montagnes au-dessus de Cali pour qu’elle se repose.
Mon avis
1983, Colombie. Claudia, âgée de huit ans, admire sa maman. Cette dernière est une femme un peu perdue, qui rêve d’une autre vie. Elle n’a pas voulu reproduire les erreurs de sa propre mère, qui a exprimé ouvertement son regret d’avoir eu sa fille, aussi, elle est toujours à la maison, quand la sienne rentre de l’école. Malgré tout, elle ne sait pas montrer son amour maternel. Beaucoup plus jeune que son époux, elle rêve du destin qu’elle aurait pu avoir. Ses magazines glamour sont ses béquilles. Claudia grandit sans encouragement et observe le monde : le vrai et celui des revues. Elle a un regard acéré et des préoccupations d’adulte. Elle se construit dans l’ombre de sa Tocaya. Ce mot signifie « homonyme » et désigne deux personnes qui portent le même prénom, comme sa mère et elle. En quête de reconnaissance, l’enfant cherche à ressembler à l’adulte, tout en essayant de se démarquer. Aucune de ses tentatives ne retient l’attention de sa maman.
Un jour, sa tante présente son nouveau compagnon. Il est jeune et il est beau. Il est un détonateur qui brise l’équilibre fragile de la famille, quand il entretient une relation passionnée avec sa nouvelle belle-sœur. Claudia est la première à remarquer que sa maman sort, qu’elle se pomponne et que des évènements sont étranges. Lorsque son père découvre l’adultère, il interdit à sa femme de revoir son amant. Celle-ci sombre, alors, dans une maladie qui alerte la petite fille. Les symptômes sont les yeux qui pleurent, le nez rouge et la voix rauque. Les médicaments pour se soigner sont des pilules qui font dormir et qui coupent toutes les envies. Avec ses mots, Claudia décrit ses sentiments, ses peurs, ses inquiétudes, ses déductions, etc. Elle raconte aussi les confidences de sa mère, qui lui parle de sujets, qui ne sont pas adaptés à son âge. Elle se débat entre le monde de l’enfance et celui trop grand pour elle, dans lequel elle est plongée.
Les abîmes intérieurs sont illustrés par des balcons d’appartements, par les paysages de montagnes colombiennes, formés de précipices, etc. Ils sont essentiellement féminins. Claudia comprend, très jeune, que la décision de basculer ou non, n’est pas un choix. Toutes ces certitudes, sur ce qui peut retenir, s’effondrent, au fil des évènements. C’est une enfant très touchante. Elle est très éveillée et très intelligente. Ses analyses sont souvent justes, ce qui montre que son innocence n’est pas préservée : elle est confrontée trop tôt à des soucis trop lourds pour ses frêles épaules. C’est la raison pour laquelle un acte qu’elle commet envers sa poupée est poignant : le symbolisme est très fort. J’ai eu envie de la préserver, de dire aux adultes de prendre soin d’elle et de protéger son enfance. Pourtant, le ton n’est pas triste, elle donne sa vision des faits et partage ses observations sur le fonctionnement complexe des grands. J’ai été émue par ce roman, aussi, j’ai regretté que la fin soit aussi abrupte.
J’ai été touchée par Nos abîmes, bien que j’aurais aimé quelques pages de plus qui clarifieraient les dernières scènes.
Je remercie sincèrement Doriane des Éditions Calmann-Lévy pour ce service presse.
Ta critique me fait envie alors que j’avais passé mon chemin, n’ayant pas aimé La chienne, le premier roman de Pilar Quintana.
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Le résumé de La chienne ne m’avait pas attirée, mais j’ai bien aimé celui-ci. Mon seul regret est la fin que je trouve un peu rapide.
Bonne soirée à toi.
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Oui j’ai vu ça, mais le reste de ta critique m’a convaincue 🙂 quand ma PAL débordera moins, peut-être…
Bonne journée !
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