
L’espérance est ma patrie
Franck Pavloff
Editions Albin Michel
Quatrième de couverture
Dans le train qui le mène à Narva, au nord-ouest de l’Estonie, le généalogiste Stig Nyman, dépêché depuis Stockholm, espère retrouver la trace d’un certain Toomas Luutos. Né dans cette même ville en 1918, ce collectionneur et faussaire de génie a laissé un héritage conséquent, et seule une recherche successorale dira s’il a des descendants.
En plongeant dans sa généalogie, Nyman découvre l’histoire tourmentée d’un pays qui fut un des terrains de bataille du XXe siècle, passé du joug nazi à la domination soviétique, territoire à l’identité fluctuante et aux frontières poreuses, dont le legs pèse autant que celui d’un père à ses enfants, même par-delà la mort.
On retrouve les thèmes profonds de l’œuvre de Franck Pavloff dans ce roman-enquête aux confins de la Baltique, fascinant voyage avec les fantômes du passé vers de brillants soleils.
Mon avis
Stig Nyman est un généalogiste suédois. Il est chargé de retrouver les héritiers (s’il y en a) de Toomas Luutos, né en Estonie, à Narva, le 10 janvier 1918. Alors qu’il se rend sur le lieu de naissance du légataire, « une recherche successorale est conjointement entreprise en Russie. » (p. 15) Stig sait que sa quête n’est pas aisée : Toomas Luutos a disparu depuis plus de cinquante ans et il a pu bénéficier du programme national d’estonisation, qui, dans les années 1930, permettait le changement de nom, afin d’effacer les origines étrangères.
Plusieurs pistes mènent à l’homme de qui Stig cherche à reconstituer l’histoire. Pour découvrir qui était ce dernier, il faut intégrer les tourments vécus par l’Estonie, qui a été l’enjeu de lutte. Occupé par les Nazis et par l’Union soviétique, c’est un pays qui a beaucoup souffert et qui tente de faire coexister plusieurs cultures. Ses frontières ont été déplacées et son identité est marquée par l’Histoire. Je ne connaissais pas les déchirements et les souffrances de ce peuple, encombré d’un sombre passé, aussi, j’ai été passionnée par cet aspect du roman.
La succession est elle aussi une énigme, à l’image de son propriétaire. Elle est un message au-delà de la mort. Énigmatique, sa valeur est dans son intention et dans ce que les protagonistes y discernent. Le mystère qui l’entoure transforme la vie de ceux qui s’en approchent, qu’ils en soient destinataires ou non. Elle est un voyage initiatique et le chemin vers l’acceptation et le pardon. L’enquête à son sujet a autant d’importance que le legs, car elle bouleverse l’existence des héritiers présumés, mais aussi de Stig, des notaires, etc. Tous apprennent sur eux-mêmes.
Ce roman m’a semblé exigeant, en raison de l’écriture, de la complexité de l’Histoire de l’Estonie et des va-et-vient au sein de ses aspérités. Cette impression est renforcée par l’atmosphère intimiste, qui donne une sensation de brouillard enveloppant et mystérieux. Je ne connaissais pas les affres de l’Estonie, aussi, j’ai apprécié de découvrir son passé. J’ai bien aimé L’espérance est ma patrie, cependant, j’ai été frustrée, car, alors que les thèmes sont graves, j’ai la sensation que l’émotion ne m’a qu’effleurée.
Je remercie sincèrement Claire des Éditions Albin Michel pour ce service presse.
C’est un peu dommage que » l’émotion t’ait qu’effleurée », ce roman m’intéressait beaucoup pour le contexte et pour l’originalité de la quête…
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J’ai trouvé le sujet très intéressant, mais il m’a manqué l’émotion. Malgré tout, je le recommande pour tout ce que j’ai appris au sujet de l’Estonie. Je pense que l’exigence de l’écriture a créé une distance entre l’histoire et moi.
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